La lame de fond, balayant les « scénarios écrits d'avance » faussement élaborés par des médias et instituts de sondage, a intronisé le candidat aux primaires donné largement perdant. Mieux, le plébiscite (66,5% contre 33,5% pour Alain Juppé) a battu le record du 1er tour (14 points d'écart). Le choix incontesté et incontestable du virage ultralibéral, largement préféré au programme social libéral, se légitime par l'afflux massif des 4 millions de votants, comme au premier tour, exprimant une forte demande sociale de changement en temps de crise économique durement vécue. La thérapie à la Thatcher, dont le candidat de la droite et du centre à la présidentielle de mai prochain, est ainsi revendiquée et assumée. « Il faut un changement complet de logiciel », a insisté dimanche soir Fillon en promettant une « renaissance ». Le camp de la droite est tenu de réussir un rassemblement, en mettant notamment en veilleuse ses divergences sur des aspects sociaux et économiques. Le soutien d'Alain Juppé, plaidant pour une « France apaisée et réconciliée », et des personnalités influentes dont Nicolas Sarkozy, le conforte dans la marche vers l'Elysée conçue en alternative à « l'échec de la gauche » et la faillite de « l'extrême droite ». Le front des « 3 droites » se restructure autour d'un candidat qui se présente en position de force après avoir fait le ménage autour de lui. Autour d'une équipe de campagne riche d'une expérience de 3 ans de collaboration étroite et ouverte aux représentants des forces concurrentes parmi le candidat malheureux au premier tour, Bruno Le Maire, ou des sarkozystes, Eric Woerth ou François Baroin, la « dynamique » de victoire prépare l'épreuve décisive des présidentielles qui permet, selon Fillon, « une marge de négociations » avec les centristes sur un « projet législatif commun ». Gauche affaiblie La route semble dégagée à la lumière de la « balkanisation » de la gauche à rangs désunis, comme le montrent les candidatures de Jean-Luc Mélenchon et sa France insoumise, Emmanuel Macron et son mouvement En Marche !, l'écologiste Yannick Jadot ou la radicale de gauche Sylvia Pinel. Au summum de la discorde, le duel à distance entre le président François Hollande, qui doit annoncer d'ici mi-décembre s'il brigue un second mandat, et son Premier ministre, Manuel Valls, menaçant de se représenter pour « casser » ce qu'il considère comme une « mécanique de la défaite », a pris des propor-tions inquiétantes pour le moment, réprimées par le porte-parole du gouvernement, Stéphane Le Foll. « Il n'y aura pas de primaire entre le président de la République et le Premier ministre », a-t-il ainsi affirmé sur Europe 1. Face à une gauche affaiblie par une mandature difficile et des guerres de sérail, le scenario d'un face-à-face, au 2e tour des présidentielles de mai, entre la droite et l'extrême droite, est sérieusement appréhendé. Boos-tée par l'effet Trump, la candidate du Front national, Marine Le Pen, n'entend pas lâcher prise pour défendre ses chances contre ce qu'elle qualifie de « porte-parole de ce que l'UE a produit de pire en terme d'idéologie. » Mais, à en croire les sondages dont il a été la principale victime, le candidat de la droite sera le favori en puissance. Il devance Marine Le Pen et Emmanuel Macron, en tant que candidat transpartisan.