Il témoigne de la compétence, du sérieux et surtout de la création. Il renvoie au musicien Kacem Mesbahi. Il vient d'animer un spectacle avec son groupe «C gens là» au Centre culturel français d'Alger (CCF). Cette jeune formation hétéroclite a interprété des textes forts, puissants et envoûtants, qui jettent un regard lucide sur le monde moderne. Kacem Mesbahi a accepté volontiers de répondre à nos questions. Qui est Kacem Mesbahi ? Je suis chanteur de profession. J'ai eu la chance de former le groupe «C gens là». J'ai évolué, en 2002 avec des musiciens amateurs, ils n'ont pas pu suivre cette aventure. J'ai ensuite fait la connaissance du contrebassiste Claude Mouton. Ce dernier a fait appel à d'autres musiciens tels le percussionniste Salvador Douezy. J'active, parallèlement dans l'association andalouse de Saâd Eddine Al Andalousi. Je suis choriste dans cette association. Aujourd'hui, j'ai incorporé la musique arabo-andalouse dans le répertoire musical de notre groupe. Il convient de dire que les musiciens de « C gens là» ont des origines différentes. Il faut dire que cette différence contribue à enrichir nos expériences. Comment êtes-vous venu à la chanson ? Au fait, la musique est une affaire de famille. Ma mère chantait souvent. Elle avait une âme artistique. Elle enregistrait souvent ses interprétations dans des cassettes. Mieux encore, elle déclamait des passages poétiques dans les célébrations des fêtes de mariages. Elle était surprenante. Aussi, mon frère jumeau excelle dans la Funk. Quels sont les chanteurs qui vous ont inspirés le plus et que pensez-vous de la chanson algérienne actuelle ? Je suis épris des tubes classiques, particulièrement les Mouwachahates. Je cite l'exemple d'Oum Kaltoum, Faïrouz. Votre nouvel album qui paraîtra en septembre, s'inscrit-il dans l'esprit de continuité du premier album ? Pour moi, il n'y a pas de maturité dans l'art. Une œuvre est en perpétuelle recherche d'elle-même. J'espère ne jamais arriver à maturité, ne jamais m'arrêter et être en constante évolution. Jouez-vous de la world musique ? Il est vrai que nous jouons dans un style musical très métissé que souvent les gens qualifient de «world music». Mais notre musique s'apparente beaucoup plus à la chanson française. Certains artistes classés «world» sont tentés de formater leur musique aux oreilles occidentales. N'y percevez-vous pas un danger d'appauvrissement des cultures ? Effectivement, pour plaire à l'industrie dominante, l'artiste est souvent confronté à l'obligation de faire des concessions sur son œuvre. Généralement tout cela est dû à des règles commerciales, économiques, c'est très difficile de garder son originalité. Cependant, j'ai constaté que les artistes magrébins particulièrement les Algériens n'ont pas cette difficulté vu que la plupart d'entre eux sont polyglottes et s'adaptent facilement. La dernière fois que vous êtes venu à Alger, remonte à 15 ans. Aujourd'hui, on vous sollicite dans votre pays d'origine pour y chanter. C'est quoi votre sentiment ? Il est vrai que je suis né en France, j'ai grandi en France. J'ai une double culture que j'assume pleinement. A vrai dire, je suis très heureux de remettre les pieds sur le sol algérien. Un sentiment très fort. En effet, il y a 15 ans que je suis venu à Alger, c'était à l'occasion de l'enterrement de mon père. Que Dieu l'accueille dans Son vaste paradis. En tant que chanteur, ne pensez-vous pas qu'il est difficile, de vivre de ce métier ? Il y a des hauts et des bas. Il faut travailler beaucoup, se faire confiance, croire et persévérer sans baisser les bras pour pouvoir assurer une notoriété. Toutefois ces conditions nécessaires ne sont pas suffisantes pour bâtir une carrière… En clair, il est difficile de vivre de son art mais heureusement pas impossible. Pour ma part, j'excelle aussi dans le théâtre. Dieu merci, j'arrive à subvenir à mes besoins.