A la demande de la France, une réunion d'urgence a été tenue hier, immédiatement après une session consacrée à l'adoption d'une résolution renforçant les sanctions contre la Corée du Nord, pour traiter de la « catastrophe humanitaire » à Alep, dénoncée la veille par l'ONU inquiète de la « descente aux enfers » de milliers de civils. Pour l'ambassadeur français, François Delattre, « la France et ses partenaires ne peuvent pas demeurer silencieux face à ce qui pourrait être un des plus grands massacres de civils depuis la Seconde Guerre mondiale ». L'option d'un « plan » onusien pour l'acheminement des secours et l'évacuation des blessés a été évoqué par son homologue britannique, Matthew Rycroft, qui a « exhorté le régime syrien et la Russie à cesser les bombardements et à laisser entrer l'aide humanitaire ». Mais il est à relever que l'échec de la précédente initiative, prévoyant également la sortie des combattants de Fateh Al-Cham (ex-Front Nosra), a rejeté par ce mouvement terroriste blacklisté par l'ONU et les Etats-Unis, désormais poussé dans ses derniers retranchements. Alors que la victoire syrienne sur le terrorisme semble inéluctable, l'alibi humanitaire est donc brandi par un Occident fondamentalement coupable du chaos syrien et des bombardements meurtriers contre les populations civiles, comme ce fut tragiquement le cas de l'hôpital de Médecins sans frontières (MSF). Car, érigée en bouclier humain par l'allié objectif en perte de vitesse à Alep, la population tente de quitter l'enfer terroriste. Sur les 50.000 personnes en fuite, au cours des quatre derniers jours, selon l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), plus de 20.000 d'entre elles ont trouvé refuge et assistance précisément dans la partie d'Alep contrôlée par le gouvernement, alors que 30.000 autres ont rejoint l'enclave de Cheikh Maqsoud aux mains des forces kurdes. La vision occidentale à double vitesse, nettement exprimée par le traitement contradictoirement du cas syrien et irakien, révèle la manipulation à grande échelle des valeurs humanitaires conçues comme une arme de pression pour la satisfaction des intérêts politiques, stratégiques et commerciaux. La panique se fait d'autant plus sentir dans le camp occidental fragilisé par le rapprochement du nouveau président américain, Donald Trump, et la nouvelle approche américaine en faveur de la Syrie de Bachar El Assad sortie victorieuse de la bataille décisive d'Alep. C'est ce qui explique l'agression caractérisée de Tel Aviv volant au secours du Front Nosra terrassé. Au moment où le Conseil de sécurité se consacre à l'examen de la « catastrophe humanitaire en Syrie, l'armée israélienne est passée aux actes. Hier, à l'aube, deux missiles ont été lancés depuis l'espace aérien du Liban et se sont abattues dans la région de Sabboura, à l'ouest de la capitale Damas, a annoncé la télévision d'Etat syrienne. Que fera la communauté internationale face au défi israélien et à la violation de la souveraineté syrienne ? Dans la longue tradition du silence coupable de l'Occident, le déni israélien de la légalité est un secret de Polichinelle. Depuis 1947, Israël n'a jamais fait fi de l'ONU et de ses 128 résolutions pour instituer la violation permanente des frontières et le recours à la politique d'annexion pure et simple, à l'expansion et à la colonisation vainement assimilée par le Tribunal international à un « crime de guerre ». Qui osera critiquer Israël ?