« Le marché pétrolier connaîtra un équilibre en 2017. Le premier semestre sera difficile, car il s'agira d'observer les réactions des pays et le degré d'application de leur engagement de réduire la production. Globalement, si les pays respectent leur engagement à hauteur de 60 à 70%, le marché connaîtra un équilibre à partir du deuxième semestre », a indiqué, hier, Chakib Khelil, expert international et ancien ministre de l'Energie, lors de son passage au forum d'El Wassat. Après une baisse au début de l'année, les prix du pétrole se maintiendront à un niveau de 50 dollars, a-t-il ajouté. C'est dans ce contexte que la réunion des pays de l'Opep de mai prochain est « très importante » car elle permettra d'évaluer « l'application des décisions prises notamment lors du dernier sommet de Vienne », a-t-il noté. « Deux facteurs importants sont nécessaires pour faire cette évaluation : le niveau de la demande mondiale, pour voir si l'on peut procéder à une hausse de la production, et la réaction du marché à l'offre du pétrole de schiste mis sur le marché par les Etats-Unis. » Les pays de l'Opep attendent aussi avec beaucoup d'intérêt les résultats de la réunion du 10 décembre prochain des pays non membres de l'Organisation qui se sont engagés à procéder à une baisse de leur production. « Nous espérons que ces pays arriveront à un consensus pour faire baisser leur production de 600.000 barils dont 100.000 par Oman et 300.000 par la Russie afin d'atteindre le niveau d'équilibre attendu », a-t-il soutenu. Lors de la réunion d'Alger, les pays de l'Opep avaient décidé d'une baisse de 1,2 million de barils pour atteindre 32,5 millions de barils. Actuellement, la production est de l'ordre de 34,1 millions après que la Libye, le Nigeria et l'Angola eurent décidé d'augmenter leur production de 400.000 barils. Avec la baisse de la production attendue des pays non Opep (600.000 barils), le niveau global de la réduction atteindra 1,8 million de barils à partir de 2017, « d'où l'équilibre attendu en 2017 ». Chakib Khelil n'a pas manqué de saluer « les efforts colossaux » fournis par l'Algérie notamment au niveau des négociations avec des pays comme l'Arabie saoudite et l'Iran. « L'Algérie a une force politique et diplomatique au sein de l'Opep qu'elle exploite bien, mais elle ne peut pas faire grand-chose sans le respect des engagements pris », a-t-il précisé, assurant que « la décision de Vienne a été difficile, mais ses membres ont adopté l'accord d'Alger et décidé des quotas, ce qui est remarquable ». Outre l'observation de la réaction du marché, la réunion des pays de l'Opep, en mai prochain, aura pour objectif de déterminer le niveau de production. « La hausse des prix du pétrole favorisera l'entrée sur le marché du pétrole de schiste avec toutes les importantes réserves existantes. L'accord de Paris sur l'environnement favorise l'utilisation des énergies renouvelables, ce qui créé des pressions sur les énergies classiques. Les pays de l'Opep sont donc contraints de définir, de nouveau, le niveau de production et travailler sur l'équation prix-objectif en rapprochant les quotas de chaque pays de l'Organisation afin de maintenir un certain équilibre », a-t-il estimé. Face à cette situation, l'Algérie n'a pas d'autre choix que de procéder à la diversification de son économie. « Il ne faut plus dépendre du pétrole et de la fluctuation des prix, mais plutôt miser sur les autres produits et les services à exporter notamment vers le marché africain qui est prometteur », a-t-il déclaré. Selon lui, les pouvoirs publics doivent faire leurs prévisions sur une moyenne de 50 dollars le baril durant les cinq années à venir. « En attendant, outre la diversification de notre économie, le pays peut aussi s'endetter pour régler les problèmes posés. Néanmoins, en ce qui me concerne, je préfère miser sur l'investissement. » Il a estimé que « le changement est certes difficile. Il nécessite un consensus et des décisions courageuses et dures que tout le monde doit assumer. » Le projet de gaz transafricain a été étudié en Algérie Interrogé sur le projet de raccordement au réseau de gaz entre le Maroc et le Nigeria, l'ancien ministre a affirmé que ce même projet a fait « l'objet d'étude de faisabilité en Algérie ». Il a fait savoir que « les négociations entre les ministres de l'Energie des deux pays se sont déroulées à Alger pour sa concrétisation » et que « les choses ont changé après ». Ce projet devait être lancé en même temps que Galsi, mais le retard accusé par ce dernier a freiné son évolution. S'ajoute à cela l'apparition de Boko Haram dans la région. Il estime, toutefois, que ce projet est « d'une grande importance » vu son impact économique à travers la création d'emplois, l'approvisionnement par l'Algérie en gaz sur le long terme, l'exportation vers l'Europe et la traversée d'une dizaine de pays africains. Par ailleurs, Khelil a affirmé que l'Algérie doit développer et exploiter son gaz de schiste « sans affecter l'environnement ». « Nous avons un problème de communication. Il faut travailler davantage avec les protestataires et leur expliquer l'enjeu relatif au développement de notre économie. » Khelil estime que Sonatrach doit aller vers l'endettement extérieur pour le financement de ses investissements dans la mesure où elle peut rembourser les prêts contractés. « Les investissements de Sonatrach ne doivent pas être tributaires des prix du pétrole. Le défi de l'entreprise est justement de procéder à l'augmentation de la production et des niveaux de réserves face à un marché fluctuant et concurrentiel ». Il a estimé que l'image de la compagnie « n'a pas été affecté » à l'étranger en raison des procès qu'elle a perdus contre des sociétés étrangères. « La preuve est dans la continuité des projets lancés notamment au Pérou depuis 2004 et qui rapportent à l'Algérie 50 millions de dollars annuellement. »