Le président du FFS plaide pour une refondation institutionnelle à travers l'élection d'une Assemblée constituante. C'est à une mobilisation générale de toutes les franges de la société que le président du Front des forces socialistes (FFS), Hocine Aït Ahmed, a appelé, hier, pour imposer un changement qui passe par l'élection d'une Constituante. Dans une lettre adressée aux Algériens, le président du plus vieux parti de l'opposition parle pratiquement de l'autodétermination des Algériens que ne peut assurer un bulletin de vote comme cela était le cas pour mettre un terme à une guerre de Libération. Aït Ahmed a indiqué que «pour mettre fin à une guerre de décomposition sociale, l'autodétermination du peuple s'exprime par une large mobilisation de toutes les composantes de la société à l'intérieur de tous les cadres qui sont à sa portée». Cette mobilisation doit aller, suggère-t-il, du collectif de quartier au mouvement syndical, de l'association écologique au mouvement d'étudiants et du mouvement des femmes pour leurs droits à celui des lycéens, des chômeurs, de l'organisation autonome des cadres, des intellectuels, des universitaires à l'organisation sérieuse des entrepreneurs et de toutes les corporations. Cette mobilisation doit être accompagnée, selon lui, par le déclenchement d'une dynamique de débat national qui porte sur les préoccupations quotidiennes des citoyens et l'éclairage des intellectuels, des universitaires et des experts engagés auprès de leur société sur la base des préoccupations et des souffrances vécues par cette même société. Cela, dans l'optique d'effectuer une véritable construction politique nationale, démocratique, populaire et pacifique, à même de permettre aux Algériens de jouir de leurs droits qu'Aït Ahmed propose une sortie de crise. Ce changement est d'autant plus nécessaire que le président du FFS estime que «cinquante ans après la proclamation de l'Indépendance nationale, nous voici face aux mêmes absences: absence d'un Etat de droit, absence de vie politique, absence de Constitution digne de ce nom, absence d'institutions légitimes capables de protéger le peuple autant que le pays des abus et d'assurer son droit à vivre dans la liberté et la dignité». Pour ce faire, le plus vieil opposant plaide pour une refondation institutionnelle à travers l'élection d'une Assemblée constituante «qui remette les droits des citoyens, leur sécurité et leur développement ainsi que ceux du pays au coeur d'une Constitution digne de ce nom». Car, pour lui, «il serait léger de croire qu'il suffirait de dissoudre des institutions ou des partis pour que sortent de leurs décombres d'autres institutions et d'autres partis tout prêts pour un usage démocratique». Ce qu'il faut, en revanche, pour cette refondation institutionnelle, un Etat de droit, des institutions fortes de leur légitimité, une justice indépendante, des contre-pouvoirs efficaces, une vie politique démocratique, réglée par un contrat national, social et politique qui garantisse les libertés individuelles et collectives au même titre qu'il se porte garant de la justice sociale. Dans sa lettre, Aït Ahmed a insisté sur le fait que le changement doit être pacifique pour que «l'Algérie n'ait plus jamais à payer un tel prix (le lourd tribut payé par les Algériens depuis des décennies) pour la maîtrise de son destin». «Il incombe aux Algériens, dans la diversité de leurs convictions et de leurs appartenances, d'indiquer clairement la voie de la construction politique en alternative à la voie de la confusion et de la violence», a-t-il écrit encore. Mettant en avant la confiscation de l'Indépendance, Aït Ahmed a soutenu que sans la liberté des individus et des peuples, il n'y a ni indépendance ni souveraineté nationale, ni développement économique, politique et social.