Photos : Fouad S. Trois jours après les émeutes de la cité Chevalley, du quartier Climat de France dans la commune de Oued Koreich, un calme précaire y règne. Les habitants n'ont toujours pas digéré la démolition des habitations illicites qu'ils ont érigées sur des espaces verts et sur une partie de l'école primaire Hadj Osmane. Samedi 26 mars. 10 heures 20. Les forces de l'ordre sont toujours déployées dans ce quartier caractérisé par une très forte densité de population. Le siège de la commune et ses annexes est protégé par des camions de la police. La rue Mokrane Ouachik qui mène vers le cimetière d'El Kettar est fermée à la circulation routière par les forces de l'ordre. Des détritus, de grosses pierres et des branchages jonchent la route. L'odeur des pneus brûlés est toujours dans l'air. Mohamed, commerçant occupant un F4 (deux F2 aménagés sur le même palier), ne comprend pas cette situation. Il en a gros sur le cœur. Il affirme que ceux qui ont construit ces baraques ont raclé toutes leurs économies. « Le dernier d'entre eux a dépensé 30 millions de centimes. Ici, c'est une fortune », dit-il. « Mais c'est illicite », avons-nous rétorqué. Réponse de Mohamed : « Savez-vous qu'il y a des familles entassées comme du bétail ? Savez-vous que certains dorment à tour de rôle vu l'exiguïté des logements ?». « C'est cette situation qui a poussé des familles entières à construire des baraques histoire d'attirer l'attention des autorités locales », explique-t-il. Pour les habitants de Oued Koreich, l'APC porte une grande responsabilité face à cet état de fait. « Pourquoi les élus de la commune n'ont-ils pas stoppé la construction dès la pose de la première brique ? », s'interroge un habitant de la cité Chevalley. Une question vite suivie par une multitude d'autres. « Pourquoi le service social de la commune ne sort-il pas sur le terrain pour recenser les familles nombreuses ? Pourquoi aménage-t-on des espaces verts à coup de millions au lieu de construire des logements ? ». D'autres riverains se sont joints à la conversation pour dénoncer le laxisme et l'incompétence des P/APC qui se sont succédé à la tête de Oued Koreich. Ils estiment que ces habitations qui datent de l'ère coloniale devraient être rasées depuis longtemps. « C'est une honte », lance Ahmed qui a suivi la démolition de sa fenêtre. « Ici, c'est pire qu'El- Madania, nous sommes taxés de quartier chaud où les terroristes et les dealers pullulent, mais nous sommes des êtres humains et de surcroît des Algériens », dit avec rage Youcef. Son voisin sort de sa poche toutes les demandes de logement y compris le récépissé de dépôt du dossier chez l'AADL, datant de 2001. « Que dois-je faire avec toute cette paperasse », s'exclame-t-il. « Tous les horizons sont bouchés alors il reste la solution des baraques », a-t-il indiqué. Un avis que partage cet élu de l'APC : « Le laxisme des uns conjugué à l'impatience des autres a été l'étincelle de trop », résume-t-il.