Les Syriens et le « monde » attendaient de lui l'annonce de réformes majeures (abrogation officielle de la loi sur l'état d'urgence, libéralisation de la presse, mise en œuvre du multipartisme...), pour mettre fin à la colère de la rue qui secoue le pays depuis le 15 mars dernier. Mais c'était compter sans l'« obstination » du président syrien. Il s'est contenté, hier devant le Parlement, d'un discours vague aux relents nationalistes. Sans plus. Aux yeux de son président, qui s'exprimait pour la première fois depuis le début des manifestations, la Syrie fait face à une « conspiration ». Bachar Al Assad a expliqué que la Syrie traversait « un moment exceptionnel qui apparaît comme un test de notre unité » estimant que les « ennemis » du pays avaient profité de la situation pour semer le chaos. « Cette conspiration est différente sur la forme et sur le moment choisi de ce qui se passe ailleurs dans le monde arabe », a indiqué le chef de l'Etat. Et de poursuivre : « La Syrie n'est pas isolée de la région (...) mais nous ne sommes pas une copie des autres pays ». Tout en se disant favorable au principe d'ouverture, Al Assad ne s'est pas concrètement et officiellement engagé à mettre en œuvre des réformes majeures. « Nous sommes totalement favorables à des réformes. C'est le devoir de l'Etat. Mais nous ne sommes pas favorables à des dissensions », a-t-il poursuivi, avant d'indiquer que la lutte contre la corruption et le chômage était une « priorité » du prochain gouvernement. « Je sais que les Syriens attendent ce discours depuis la semaine dernière, mais je voulais attendre d'avoir une image complète de la situation (...) afin d'éviter de tenir des propos émotionnels qui auraient peut-être apaisé les gens, mais n'auraient pas eu d'effet concret au moment où nos ennemis visent la Syrie ». Ses propos ont été accueillis par des ovations des députés qui ont scandé : « Par notre sang, par notre âme, nous nous sacrifierons pour toi Bachar ». Même l'annonce de l'abrogation de l'état d'urgence promise n'a pas été faite.