Photo : Makine F. Alors qu'il devrait être la solution extrême aux problèmes conjugaux, le divorce prend de plus en plus d'ampleur en Algérie. Son taux progresse chaque année de 7%. Et fait singulier, les vieux couples se mettent à…cette «mode». «29 731 cas ont été enregistrés en 2004, 31 133 en 2006 et 41 549 en 2009 », a indiqué, hier, au forum d'El Moudjahid, Hassiba Haoucine, chef de cabinet au ministère délégué chargé de la Famille et de la Condition féminine. Conséquence : 11% des familles algériennes sont devenues monoparentales. La femme devient ainsi le chef de famille après le divorce avec tous les problèmes socio-économiques qui interviennent par la suite. Les causes du divorce, selon Mme Haoucine, sont multiples mais socio-économiques en particulier. La catégorie la plus concernée est généralement celle des jeunes couples qui ont moins de cinq ans de vie conjugale. Néanmoins, il ne faut pas penser que les anciens couples ne divorcent pas. « Même les femmes âgées de 80 ans et plus sont concernées par le divorce. Il y a eu 162 cas », a regretté l'intervenante qui déplore aussi qu'on ait pris de la distance par rapport à la famille élargie pour passer à la famille nucléaire qui représente actuellement 60% du tissu familial. « La famille nucléaire a de plus en plus besoin de l'appui qui existait dans la famille élargie », souligne-t-elle. « Mettre fin au phénomène du divorce relève de l'utopie. On peut seulement évoquer sa prise en charge qui est une thématique transversale à laquelle tout un chacun doit participer », a relevé la chef de cabinet de Nouara Djaâfar. L'avocate Nadia Aït Zaï a donné quelques détails pour prouver que la courbe croissante du phénomène n'est pas due à la femme ni au khoul'a. Chiffres à l'appui, elle indique que 20 134 des 41 549 cas de divorce enregistrés en 2009 ont été décidés par la volonté unilatérale du mari contre 12 900 divorces à l'amiable et 450 khoul'a. Ce dernier qu'on incrimine de nos jours alors qu'il s'avère donc l'ultime recours pour la femme qui ne peut pas prouver l'un des dix cas tolérés par la juridiction algérienne pour demander la séparation. Elle rappelle notamment que le khoul'a existait dans de code de la famille avant 2005 avec cette différence qu'il n'était appliqué qu'avec le consentement de l'homme. Maître Aït Zaï évoque ensuite les problèmes du domicile conjugal et de la pension alimentaire. Elle affirme que dans la pratique, la femme qui a la garde des enfants ne bénéficie généralement pas du domicile conjugal. Elle est destinataire d'un montant de 5 000 à 12 000 DA qui ne suffit pas de nos jours à faire habiter sa petite famille dans un endroit décent. Quant à la pension alimentaire, elle estime nécessaire sa révision à la hausse surtout quand la femme ne travaille pas. Pour sa part, la présidente de l'observatoire des droits de la femme, Djaâfri Chaïaa propose d'accueillir les futurs candidats au mariage dans des centres spécialisés pour les préparer à la vie conjugale. Une expérience qui a réduit de 20% le taux de divorce en Indonésie.