Le Schéma d'aménagement du territoire 2030 qui a fait l'objet d'une conférence hier au Palais des Nations prévoit un plan de délocalisation en deux étapes, la première, volontaire jusqu'en 2015, vise «plusieurs unités industrielles, d'administrations publiques» a expliqué hier M. Chérif Rahmani, ministre de l'Aménagement du territoire. Cette rencontre à laquelle ont pris plusieurs ministres dont M. Ould Kablia, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, a réuni les walis, les représentants d'organisations patronales, a donné lieu à plusieurs ateliers de réflexion pour mettre en œuvre ses grands axes. Pour ce qui est des délocalisations, les unités industrielles et administrations publiques concernées «sont déjà identifiées». Pour le côté humain, deux millions de personnes seront également encouragées à rejoindre les Hauts Plateaux et un demi-million le Sud. Pour cela, il est prévu toute une batterie d'encouragements aux plans économique et fiscal. A titre indicatif, il faudra quelque trois millions de logements à construire et 1.650.000 emplois à créer pour rendre cette option favorable. Il y aura donc ce qu'on appelle un programme de rattrapage et de mise à niveau territoriale en direction des zones dites à handicap, c'est-à-dire où il y a un déficit en infrastructures de tout type. M. Rahmani qui a fait lecture des grandes lignes du Schéma d'aménagement du territoire a précédé son exposé d'un diagnostic qui laisse apparaître de grands déséquilibres, appelant à «recentrer le pays sur sa dimension continentale, au lieu de rester accroché à sa façade maritime». Il ne s'agit donc que d'un «freinage du développement du littoral en l'orientant vers les Hauts Plateaux et le Grand Sud». En clair, le gouvernement qui avait plusieurs scénarii en poche a opté pour «l'attractivité et l'aménagement territorial», explique le ministre et ce pour faire face à six enjeux majeurs.Ces derniers portent sur l'hypothèse de l'épuisement des ressources, la crise rurale qui va se solder par une ou parties du territoire délaissées par les populations soumises à l'exode, le basculement démographique, le décrochage démo-économique (qui signifie que la croissance démographique prendra le pas sur la croissance économique), la rupture du lien territorial. Cette situation est aggravée par «un durcissement du contexte international» ajoute le ministre. L'Algérie vit une «pression terrible sur les villes» et d'ici 2030 de nouvelles villes à plus de 300.000 habitants verront le jour. «On passera de ce fait de quatre actuellement à 13» souligne le rapport dont six dans la région des Hauts Plateaux. Le Sud accueillera une seule. Certaines ont des atouts tandis que d'autres «poseront des problèmes», à l'image de Djelfa et de Tiaret. «Elles vivront encore sur les ressources de l'Etat».Plus encore, le pays fait face à «dix grands risques majeurs», aux plans industriel, environnemental et climatique et on ne vit qu'au Nord. 78% des demandes d'investissements se concentrent au Nord contre 22% dans les Hauts Plateaux.Le Snat est le premier schéma d'aménagement du territoire mis en place depuis l'indépendance. «C'est un travail de sept années de réflexion», il a nécessité six Conseils des ministres pour l'étudier et l'adopter, rappelle M. Chérif Rahmani. Il a été adopté par le Parlement et promulgué par le président de la République le 29 juin 2010. Le Snat est déjà finalisé dans 23 wilayas. Il sera un moyen de «réaliser l'équité dans les lieux de fragilité» et garantit une «redistribution non pas des richesses mais des chances et atouts dans les territoires» ajoute M. Rahmani.Il ne faut pas oublier que ce schéma dépasse le cadre du découpage classique des wilayas et communes et pourrait lui inspirer une nouvelle configuration pour un éventuel redécoupage, dira M. Rahmani à l'adresse du ministre de l'Intérieur. Quatre grandes villes seront érigées dans cet esprit en «espace métropolitain» tel Alger, Annaba, Constantine, Oran.