Selon le livre de Bruno Tertrais intitulé «Le Marché noir de la bombe», l'Algérie pourrait prétendre au statut de puissance nucléaire. C'est-à-dire, notre pays aurait les moyens de fabriquer sa propre «bombe atomique». Le FLN estime par la voix de M. Saïd Bouhadja, chargé de communication, que certains médias algériens ont eu tort de rapporter les propos tenus dans ce livre. «C'est de la publicité gratuite», déclare-t-il en estimant que l'objectif est connu : «déstabiliser le pays par tous les moyens». M. Bouhadja se désole néanmoins du manque de vigilance par rapport à ce genre de menaces, en souhaitant qu'il y ait entente sur un même «discours» en vue d'éradiquer à jamais ce «malaise» qui ronge le pays. D'après lui, il s'agit d'une pure «jalousie» par rapport à notre pays, aujourd'hui sorti définitivement du gouffre et capable de mener à lui seul la bataille de développement. Il s'agit, dira encore M. Bouhadja, de «supputations infondées» visant à mettre l'Algérie dans la case des «pays dangereux» . En somme, dira notre interlocuteur, «c'est une erreur d'aider nos ennemis dans leur malsaine mission, celle de noircir l'image de notre pays. L'Algérie attise aujourd'hui plus qu'hier les appétits. Alors il est tout à fait normal d'enregistrer ce genre de dérives». Du côté du Mouvement de la société pour la paix, ça reste «un écrit» qui n'engage pas obligatoirement l'Etat français. M. Issad, député du parti d'Aboudjerra Soltani, estime que l'Algérie n'a rien à craindre dans la mesure où elle a adhéré à l'AIEA et a signé à toutes les conventions y afférentes. Cette agence, enchaîne-t-il, a le droit de regard sur toutes les structures établies dans ce cadre par notre pays, qui n'a rien «à cacher», tient-il à préciser. Pourquoi de telles accusations maintenant ? La question reste entière, s'interroge-t-il en rappelant à titre d'indication que la même cascade de spéculation s'est déclarée en 1990. Ce qui a suscité la peur de certains pays occidentaux, qui se sont vite mis à l'attaque en accusant aussi l'Algérie d'investir dangereusement dans le nucléaire. M. Issad développe par ailleurs une autre thèse plus intéressante encore en disant que l'AIEA a accepté dernièrement par le biais du vote et ce, pour la première fois de visiter les installations nucléaires israéliennes. Ce qui a déplu au lobby juif et à certaines grandes puissances. Alors, déduit M. Issad, l'objectif de ces accusations serait peut-être de «desserrer l'étau sur Israël». Par ailleurs, le Parti des travailleurs estime par la voix de M. Taazibt, vice-président de l'Assemblée populaire nationale et membre actif au sein du parti de Louisa Hanoune, que maintenant l'Algérie est habituée à ce genre de «pressions». «Personne ne va nous effrayer avec de telles accusations. On connaît cette musique. A chaque fois qu'un pays veut se relever, on essaye de faire pression sur lui. Il s'agit d'un simple écrivain, pas d'une source officielle», déclare-t-il en étant convaincu qu'en politique «il n'existe pas de hasard». Une manière de dire que l'arrière-pensée de ces imputations est bel et bien claire : nuire à l'image du pays. Le vice-président de l'APN rappelle qu'en 1990 les tentatives de «singulariser» l'Algérie par rapport à cette question du nucléaire ont été également nombreuses. L'Algérie, déclare-t-il, a le droit légitime d'aspirer au développement pacifique du nucléaire. Cela est lié, conclut M. Taazibt, aux choix et corrections effectués par l'Algérie ces dernières années. Ce qui n'a pas été du goût de beaucoup de puissances mondiales.