Contrairement à la lecture en langue arabe et française en recul aujourd'hui, celle de la langue amazighe, en revanche, est en nette progression. Certes, ce ne sont pas les 30 millions d'Algériens qui s'y adonnent mais le Haut Commissariat à l'Amazighité enregistre un nombre de plus en plus grand de lecteurs, dans le milieu scolaire et universitaire de façon particulière. C'est ce qui a été mis en exergue à ces journées inaugurales du salon du livre et du multimédias amazighs qui se déroulent à Bouira du 17 au 20 avril courant. «Nous avons quelques 500.000 élèves qui s'initient à la langue amazighe et quelques 1 500 enseignants qui en dispensent les rudiments. Ils sont tous considérés comme des lecteurs potentiels. Sans oublier les universitaires et chercheurs qui se penchent de plus en plus sur la culture amazighe et tous ont besoin de trouver de la matière à lire. Une matière, hélas, qui même si elle existe, grâce aux efforts notamment du HCA qui détient le plus grand nombre de titres édités, reste indisponible», explique M. Hamid Bilek, sous-directeur de la promotion culturelle au HCA, qui déplore en outre le déficit surtout en matière d'ouvrages spécialisés. En effet, dit-il, mis à part les manuels scolaires, le ministère de l'Education n'a pas édité d'autres supports pour soutenir l'enseignement amazigh. «Exception faite de ces manuels, les élèves et les enseignants puisent dans les textes publiés dans la revue «Tamazight Tura», éditée par le HCA. Mais nous voudrions que les institutions s'impliquent davantage dans ce domaine. D'autant plus que la promotion de la culture amazighe s'inscrit dans la stratégie nationale pour la préservation de l'identité nationale, et ce après la promulgation de la langue amazighe comme deuxième langue nationale», fait-il savoir. En attendant que les autres institutions prennent part à ce programme de promotion, le HCA, rappelle-t-il, s'emploie à faire le maximum par l'organisation de manifestations à caractère culturel dans des espaces où les différents acteurs peuvent se rencontrer. «Le salon du livre et du multimédia amazighs qui se tient actuellement à Bouira, compte parmi ces manifestations. En plus des éditeurs publics, nous sommes également en quête d'éditeurs privés. Car, il y a 500.000 lecteurs à pourvoir !», estime-t-il. Du côté des maisons d'édition publiques, l'ANEP et l'ENAG commencent à s'y intéresser en publiant plusieurs titres. L'ENAG, par exemple, vient d'éditer sept nouveaux titres en langue amazighe dont un ouvrage sur le lexique électronique en amazigh. Par ailleurs, Bouira qui abrite chaque année le salon du livre et du multimédia amazighs, est un bel exemple, estime M. Bilek, d'échanges entre les communautés arabophones et amazigofones. «A Bouira, l'amazighité y a toute sa place. Il faut savoir que la langue amazighe est enseignée dans presque la totalité des établissements scolaires. Mais ce qu'il faut savoir surtout, c'est que même si lla promotion de l'amazighité est encore timide, elle s'impose de plus en plus à travers les différentes manifestations culturelles organisées un peu partout dans notre pays et ce, après la promulgation de la loi 98-04 qui intègre la protection du patrimoine dans la politique de l'Etat. Le mois du patrimoine et les festivals, du film amazigh notamment, lles mesures prises pour la prise en charge de l'artisanat,…favorisent l'épanouissement de la culture amazighe», conclut-il.