L'envoi de conseillers militaires à Benghazi pourrait marquer le début d'une opération terrestre. Le comité ad hoc de haut niveau de l'Union africaine, qui a établi une «feuille de route» pour résoudre la crise libyenne, se réunira lundi à Addis-Abeba, au niveau ministériel, pour «examiner les derniers développements» et «les efforts déployés» pour résoudre cette crise qui pourrait transformer ce pays en «une nouvelle Somalie». Le Conseil de paix et de sécurité de l'UA se réunira le lendemain pour plancher sur la situation à la lumière des conclusions du comité ad hoc. A l'origine de ce ballet diplomatique dans la capitale éthiopienne pour «restaurer» au forceps l'«initiative» africaine acceptée par le gouvernement de Kadhafi et rejetée le 11 avril dernier par le Conseil national de transition, une demande américaine. «Nous cherchons l'aide de l'Union africaine pour parvenir à une solution politique en Libye», déclara jeudi à Washington, Hillary Clinton à Jean Ping, le président de la commission de l'UA appréciant l'accent mis par l'UA sur «un processus démocratique ouvert et répondant aux besoins du peuple libyen». Barack Obama, qui exclut tout envoi de conseillers militaires à Benghazi, aurait-il saisi que cet «envoi» décidé par ses alliés britannique, français et italien pourrait marquer le début d'une opération terrestre, «un acte risqué et aux conséquences imprévisibles», selon Sergueï Lavrov, ministre russe des Affaires étrangères ? «Nous nous dirigeons certainement vers une impasse même si les frappes aériennes de la coalition internationale ont réduit de 30 à 40% le gros des forces terrestres de Mouammar Kadhafi», reconnaît le chef d'état-major interarmes américain, l'amiral Mike Mullen. Comme pour contrer Obama, même si celui-ci a consenti à l'envoi de deux drones armés au-dessus de la Libye, John McCain, le candidat républicain à l'élection présidentielle de 2008, est depuis hier à Benghazi pour réitérer son soutien et celui des néoconservateurs aux rebelles libyens. L'Union européenne poursuit quant à elle, en dépit des réserves de l'ONU, la préparation d'une opération militaro-humanitaire de 1000 soldats à Misrata, ville tenue par les insurgés mais encerclée par les forces loyales à Kadhafi, et l'ONG Avocats sans frontières, évoque des «crimes contre l'humanité et crimes de guerre à grande échelle» perpétrés par Kadhafi, le «leader» pour lequel Washington cherche un pays d'accueil. La Russie, qui n'a pas apposé son veto, compte se ressaisir pour se repositionner en Libye. Dmitri Medvedev offre ses services de médiateur à Tripoli et à Benghazi.