La corporation des journalistes vient de perdre un de ses grands concepteurs. Laïdi Mohamed, le métronome dans la confection des journaux, n'est plus. Sa disparition soudaine laisse un grand vide difficile à combler. Il fut de tous les combats dans l'éclosion des multimédia. Il fut parmi les pionniers à s'investir dans les salles de rédaction pour passer à la création et l'innovation des titres. Il avait le métier dans l'âme. En compagnie du défunt Bachir Rezzoug avec qui il apprit toutes les subtilités du métier, Laïdi se retrouve comme secrétaire général de rédaction dans le prestigieux hebdomadaire Algérie Actualité. Il eut à connaître des hauts et des bas dans son parcours. Campé dans une indestructible personnalité, il surmonta les difficiles années pour revenir à son ancienne école, le quotidien El Moudjahid au sein duquel il fit ses premiers pas. On lui prête les grandes qualités d'un sémiologue. Sa passion pour l'agencement des articles et la lecture picturale font cas d'école. Aujourd'hui, dans la discrétion totale, celui qui a tant battu le pavé pour veiller à la bonne facture des titres tire sa révérence, avec plus de quarante ans de service marqués par de mémorables souvenirs. Son humanisme, son humour aussi caustique que son coup de crayon plaident pour un passé où la bohème était reine. Il partageait tout avec ses collègues. C'est entre les vieux meubles de la rue de la Liberté que se dessinait la stature de ce jeune premier. Il était le dernier à éteindre la lumière dans les nuits glaciales de janvier. Les meurtrissures de l'hiver, l'inhalation du plomb émanant de la salle des typographes, que de vieux souvenirs pour consolider la dure lutte que mena ce barde de la presse algérienne. Il sera de toutes les évocations pour rendre hommage à cette trempe d'hommes qui, dans l'humilité, la soif d'apprendre plus, se sont dévoués corps et âme pour arracher le mérite national. Laïdi, comme son nom l'indique, porte les signes d'une prédilection. Il s'en est allé au lendemain de la fête de l'Aïd El Fitr, comme pour fêter un départ fatal, dans la religiosité du mois de choual.