Comment promouvoir et élargir le champ de la représentation politique de la femme ? Sur cette question, les avis de la classe politique et des juristes restent partagés d'autant que cette question implique l'application du système des quotas. Et si certains appuient l'application, même à titre «provisoire», de ce système pour surmonter les obstacles entravant la participation de la femme à la vie politique par le biais des assemblées élues (commune, wilaya et parlement), d'autres par contre y voient une réduction du rôle de ce partenaire principal dans le processus politique. Ces derniers estiment que la femme doit avoir accès aux listes électorales et remporter des suffrages à condition de vaincre les mentalités archaïques qui la confinent dans un statut de «mineure à vie». Pour Chamli Yahia, professeur à l'université de Soumaâ (Blida), l'application du système des quotas pour les partis est une condition sine qua non pour élargir le champ de la représentation politique de la femme dans la mesure où elle lui permet d'accéder aux assemblées élues. « L'application de l'article 31-bis de la Constitution exige l'affectation d'un quota déterminé à la femme au sein des assemblées élues », a-t-il rappelé. Pour sa part, la juriste Nadia Aït Zay a évoqué l'importance de l'application de l'article 31-bis, par la promulgation d'une loi organique, afin d'augmenter les chances d'accès de la femme aux assemblées élues. Pour elle, il est important de recourir au système des quotas. « Il constitue une étape impérative pour réaliser l'égalité des chances pour les deux sexes particulièrement sur le plan politique », dit-elle. Mais une telle éventualité ne trouve pas d'échos chez les partis politiques. La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune rejette le système des quotas, « car il ne permet pas à la femme de décider de son avenir ». « La compétence reste le principal critère pour le choix des meilleurs représentants du peuple au sein des assemblées élues », a-t-elle souligné, précisant que le taux de représentation féminine au sein du Parti des travailleurs est de 45%. Cela étant dit, le système des quotas relatif à l'élargissement du champ de la représentation féminine n'était pas le seul moyen de promouvoir la place de la femme dans le paysage politique, a précisé Kamal Rezki, député FLN. Selon lui, le taux de représentation politique féminine dans les régions rurales reste très faible. Il a constaté qu'il sera difficile pour les partis politiques d'atteindre le quota exigé dans les communes situées en milieu rural. Pour sa part, le professeur Chamli estime que le contexte actuel n'est pas favorable à la participation de la femme à la vie politique qui est un domaine réservé à l'homme. « Il faut encourager la femme algérienne à adhérer aux associations civiles avant de devenir un élément actif au sein des partis politiques », estime-t-il. Pour rappel, le chef de l'Etat avait désigné en 2009 une commission pour l'élaboration du projet de loi organique définissant l'application de l'article 31-bis de la Constitution qui prévoit la promotion des droits politiques de la femme et l'augmentation de ses chances de représentation au sein des assembles élues. Selon les dernières statistiques, le taux de parlementaires dans le monde a atteint 18%, alors qu'au sein du parlement algérien, ce taux est de 7,7% pour l'APN et 4% pour le Conseil de la Nation.