Dans une conférence de presse animée hier, les représentantes de la commission de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'Homme (LADDH) chargée de la lutte contre les discriminations faites aux femmes, ont «exigé» des partis politiques qui «se revendiquent démocrates» d'appliquer le nouvel article 31 bis de la Constitution après sa révision en novembre 2008. «Nous exigeons des partis politiques qui se revendiquent démocrates de s'engager à appliquer l'article 31 bis de la Constitution en en augmentant la représentation féminine dans les assemblées élues», a déclaré Mme Nassera Merrah tout en soutenant qu'il est primordial que la société civile mène une campagne de sensibilisation afin que cette loi soit appliquée. Elle a regretté à ce sujet que l'Algérie soit classée à la 126ème place dans le monde en matière de représentation des femmes dans les assemblées élues «avec 48% de représentation féminine dans le Parlement, le Rwanda est classé premier mondialement. L'Algérie qui était classée à la 120ème place a régressé en 2007 à la 126ème place. Il est malheureux de constater que le taux de représentation féminine n'est que de 2,7% au Sénat et que les cinq femmes qui y siègent ont été nommées par le président de la République ! C'est grave pour les partis qui se disent démocrates». Continuant de relever les contradictions dans ces partis qui se revendiquent démocrates, elle soutient : «Qu'ont-ils fait pour la démocratie ? Après la révision de la Constitution et la décision du chef de l'Etat de la mise en place d'une commission pour définir les modalités pratiques de l'application de l'article 31 bis, certains représentants de partis démocrates se sont suffi de développer un discours contre cette décision au lieu de dégager des programmes pour la soutenir.» Mme Merah ira même jusqu'à dire que «la société algérienne n'est pas rétrograde mais c'est la vision de ces partis de leur société qui l'est». Revenant sur les lois régissant les relations de travail en Algérie, Mme Merah a affirmé que toutes les lois sont «égalitaires». «En Algérie, il n'y a que le code de la famille qui reste en contradiction avec la Constitution mais nous pouvons nous réjouir de sa révision en 2005 même si les modifications restent insuffisantes. A ce sujet, il faut relever aussi que, lors du débat de révision du code de la famille, personne n'a réagi sauf ceux qui étaient contre. Ce qui a amené à des changements au-dessous des aspirations», a rappelé Mme Merah avant de revenir à la Journée internationale du travail en soutenant qu'en dépit des lois algériennes égalitaires «le constat reste amer. Dans tous les domaines, le chemin pour accéder aux postes valorisés et valorisants est encore long. Le mérite pour les femmes n'est nullement lié aux compétences. Il se mesure à la capacité d'endurance développée pour résister aux obstacles». Mme Nadjia Zeghouda a rappelé pour sa part que l'Algérie a ratifié la déclaration universelle des droits de l'Homme dont l'article 23 stipule clairement l'égalité dans l'accès au travail et le droit aux promotions au seul mérite des compétences. Elle fera également état de l'article 19 lié à la liberté d'expression dont la journée mondiale sera célébrée demain. Enfin, les représentantes de la LADDH ont tenu à rappeler que le président de la République a promis lors de sa campagne électorale, à Batna, que «tant qu'il sera président, les droits des femmes ne seront pas bafoués. Il a promis plus de postes de walis et d'ambassadrices». Pour concrétiser ces promesses électorales, les animatrices de LAADH appellent l'ensemble des acteurs politiques, toutes tendances et idéologies confondues, à s'engager dans cette perspective. Elles appellent à la levée des réserves de la CEDAW, l'application de tous les articles de la Constitution, la généralisation de l'article 31 bis et exigent un quota de candidatures féminines. Selon elles, «la politique volontariste de rendre visibles les femmes, leur permettant d'accéder aux postes décisionnels, de partager avec elles le pouvoir, est l'unique preuve de l'engagement pour le respect des droits humains». H. Y.