A quelques semaines de la sécession officielle du Sud Soudan - elle est prévue dans la foulée du référendum du 9 janvier dernier, le 9 juillet prochain-, les tensions entre Khartoum et Juba dégénèrent parfois en combats. Comme ce fut le cas ce week-end à Abyei, une région frontalière revendiquée par les deux «pays» qui, depuis quelques jours intensifient, selon les images satellites, le mouvement de leurs troupes, pour en découdre et prendre cette région. Selon Sana, l'agence de presse soudanaise, les forces du Sud ont attaqué à l'arme lourde, un convoi militaire de dix véhicules transportant des soldats du Nord escortés par des Casques bleus de Mission des Nations unies au Soudan (Minus) à sept kilomètres d'Abyei. «Sur les 200 soldats des Unités intégrées conjointes des Forces armées, 22 ont été tués, 9 blessés, 8 ont réussi à atteindre les zones adjacentes d'Abyei et le reste est toujours porté disparu», déclare Khalid Saad, leur porte-parole précisant que cette «région devenue une «zone de guerre et que l'armée soudanaise se réserve le droit de répondre à cette attaque qui s'est produite dans une région contrôlée par les Services de police Sud-Soudanais (SSPS) est une «violation» de l'Accord de paix (CPA) et des accords de Kadogli signés en janvier dernier Les «Sudistes» de l'armée populaire de libération du Soudan (SPLA) démentent avoir mené cette attaque. Ils pointent du doigt leurs «homologues» du Nord, demandent une enquête. Certains évoquent la possibilité de représailles «en temps et lieu convenables». «Appuyés par des chars et de l'artillerie, ils ont attaqué quatre villages», affirme Philip Aguer, leur porte-parole avant d'être relayé par Arop Kuol, le président de l'administration d'Abyei. Khartoum aurait utilisé, selon lui, des chasseurs Mig et Antonov pour lancer des attaques sur six zones et provoquer des déplacements de civils avant la visite prévue à partir d'hier d'une délégation du Conseil de sécurité à Abyei pour aider le Nord et le Sud à régler leurs différents, y compris la question Abyei où le premier estime que la tribu Mesiria a le droit de voter et le second insiste que seule la tribu Dinka Nkok a le droit de le faire, avant juillet prochain. M. Ban Ki-moon condamne cette attaque qualifiée comme «un acte criminel contre les Nations Unies». Il appelle les deux parties à enquêter sur cet incident, apaiser les tensions, mettre en œuvre l'Accord de Kadugli et retirer immédiatement toutes forces non autorisées de la région d'Abyei. Hasard du calendrier, les ambassadeurs des pays membres du Conseil de sécurité ont entamé, hier, une tournée de cinq jours en Afrique de l'est pour s'enquérir des enjeux de la paix et de la sécurité. Après une escale à Addis-Abeba pour des entretiens, les 5e du genre, avec leurs homologues du Conseil de paix et de sécurité de l'Union africaine, ils se rendront à Khartoum et Juba. Officiellement, c'est pour féliciter les parties à l'Accord de paix global (CPA, signé en 2005) et le peuple soudanais pour avoir mené à terme le référendum d'autodétermination du Sud Soudan en janvier, réellement, c'est pour calmer la situation dans l'enclave d'Abyei, impatiente de tenir son référendum pour choisir son rattachement au Nord ou au Sud.