La Ligue arabe demande à l'Organisation des nations unies de reconnaître en septembre prochain, la Palestine, de la Cisjordanie à la bande de Gaza, comme un Etat indépendant et souverain avec El Qods-est comme capitale. Raison de ce recours : l'intransigeance d'Israël. C'est la principale décision arrêtée par le comité de suivi de l'initiative de paix arabe qui s'est réuni en urgence, samedi soir à Doha, en présence de Mahmoud Abbas et des ministres des Affaires étrangères des pays membres, dont Mourad Medelci, pour «examiner» la vision américaine de paix au Proche-Orient après le discours de Barack Obama du 19 mai dernier où il s'est prononcé pour un Etat palestinien sur la base des frontières de 1967, moyennant des échanges de territoire négociés et la réaction négative du gouvernement israélien. Selon Saeb Arekat, un membre du comité exécutif de l'Organisation de libération pour la Palestine (OLP), cette procédure de demande pour obtenir la reconnaissance d'un Etat palestinien, déjà reconnu par 111 pays, sera lancée en juillet prochain avec l'appui des pays arabes qui doivent, dit-il, intensifier leurs contacts à l'échelle internationale, notamment avec les membres permanents du Conseil de sécurité, en particulier les Etats-Unis, pour éviter un veto. Le Comité de suivi de l'initiative de paix, qui dit, dans son communiqué final, «soutenir le recours à l'Assemblée générale» a décidé d'«entreprendre les démarches légales». Une commission a été chargée pour mener ces démarches. A Joseph Deiss, le président de l'Assemblée générale des Nations unies qui affirme que, pour être reconnu à l'ONU, un Etat aura besoin de l'appui du Conseil de sécurité et Obama, qui a qualifié mercredi à Londres «d'erreur» le projet palestinien, Mahmoud Abbas réplique : «Notre option demeure les négociations, mais il semble qu'en raison des conditions posées par le Premier ministre israélien, nous n'avons d'autre choix que d'avoir recours à l'ONU pour arracher une reconnaissance de notre Etat. Nous le ferons à moins que des négociations sur des bases sérieuses acceptées par Netanyahu commencent». Dans la foulée de cette porte ouverte à un compromis, le président palestinien, qui s'est réconcilié avec ses frères ennemis du Hamas, demande aux Arabes un soutien «concret». Comme piste, il leur suggère de lancer une campagne politique et diplomatique et de rappeler que septembre 2011 est la date butoir retenue par la communauté internationale pour la signature d'un accord israélo-palestinien. «Il ne suffit pas que le comité rende publique une déclaration soutenant les Palestiniens après sa réunion. Il faut que le comité aille visiter certains pays influents, notamment ceux de l'Union européenne, pour soutenir la décision palestinienne», pense Taysser Khaled, membre du comité exécutif de l'OLP. Le premier ministre du Qatar, cheikh Hamad Ben Jassem Al-Thani, dont le pays préside le comité de suivi de l'initiative de paix, semble avoir entendu le SOS lancé par Abbas. «Nous estimons qu'il est préférable de suspendre le processus de paix jusqu'à ce qu'il y ait un partenaire prêt» à des négociations dans le camp israélien, dit-il. Les Américains et les Européens qui s'opposent à l'«internationalisation» de la question palestinienne laisseront-ils l'Autorité palestinienne qui ne dispose que d'un statut d'observateur à l'Onu, sans droit de vote, et la Ligue arabe «isoler» Israël aux Nations unies ? «Les Etats-Unis s'opposeront à toute tentative d'isoler Israël», prévient Obama.