A l'été 2010, les installations nucléaires iraniennes avaient dû être mises hors service à la suite de graves problèmes provoqués par «Stuxnet» un virus informatique qui avait été développé grâce à un savoir-faire technique considérable et à une précision militaire. Le quotidien allemand «Frankfurter Allgemeine Zeitung», dans un article du 22 septembre intitulé «La première frappe informatique vient de se produire», parvenait à la conclusion que la sophistication du virus montrait qu'il ne pouvait être l'œuvre de «pirates amateurs ou de cybercriminels minables». «La mise au point et l'achat des composants de cette qualité et de cette fiabilité ont coûté une somme à 7 chiffres. A plusieurs niveaux, Stuxnet se répand de manière absolument fiable et clandestine» lisait-on sur le site du quotidien. Pour les experts, il était clair dès le début que le virus avait dû être développé par d'importantes équipes de spécialistes de diverses disciplines pendant des mois, voire des années. Seuls les pays leaders en matière de haute technologie entraient en ligne de compte. Après l'analyse du code source, et selon les conclusions du site computerworld.com après les premiers indices de l'origine du virus rendus publics dans le monde des spécialistes : il pouvait s'agir d'Israël ou des Etats-Unis. En janvier 2011, ce soupçon a été corroboré par un article du «New York Times» selon lequel des Israéliens et des Américains avaient mis au point le virus ensemble et l'avaient même testé dans une installation nucléaire soigneusement verrouillée dans le désert du Néguev : Le New York Times rapportait alors que selon des informations provenant d'experts des services secrets et de l'Armée, ce site nucléaire appelé Dimona a, au cours des deux dernières années, joué un rôle secret en tant que site d'expériences d'un projet commun d'Israël et des Etats-Unis visant à empêcher l'Iran de construire sa propre bombe nucléaire. Selon des experts, Israël a installé des centrifugeuses nucléaires presque identiques à celles exploitées par l'Iran à Natanz où des scientifiques iraniens procèdent à l'enrichissement de l'uranium. Ils affirment que Dimona a testé l'efficacité du ver informatique Stuxnet, un logiciel destructeur qui a apparemment mis hors service un cinquième des centrifugeuses nucléaires iraniennes et ralenti la capacité de Téhéran de fabriquer des armes nucléaires, sinon contribué à les détruire totalement» Au cours de ces derniers mois, les responsables iraniens ne se sont guère manifestés, probablement pour ne pas reconnaître leur défaite dans cet «acte de guerre informatique». Ce n'est qu'en avril 2011 que le chef de la défense civile iranienne Gholamreza Jalali a déclaré publiquement : «Le ver informatique destructeur Stuxnet qui a manifestement causé d'importants dégâts au programme nucléaire iranien, provient d'Israël et des Etats-Unis.» «L'Iran reproche à Siemens d'avoir apporté son aide à ceux qui ont mis au point Stuxnet», écrit le journal allemand Der Spiegel. «Stuxnet» montre à tous les responsables de la sécurité des infrastructures de tous les pays, à l'Est comme à l'Ouest, quels dangers les menacent depuis 2009. Le spécialiste des virus Symantec a entrepris une analyse exhaustive de «Stuxnet» et l'a mise à la disposition des professionnels sous forme d'un dossier. Le lecteur attentif se doute que ceux qui ont analysé cette arme de haute technologie informatique ont été confrontés à l'horreur. Il s'agit là d'une nouvelle forme de guerre et il faut se demander qui en sont les créateurs. Dans leur conclusion, les analystes écrivent : «Stuxnet est si complexe que peu nombreux sont ceux qui sont capables de mettre au point une arme aussi menaçante. Nous ne nous attendons pas à voir apparaître de sitôt beaucoup de menaces d'une telle sophistication. Cependant Stuxnet a montré que des tentatives d'attaques d'installations industrielles extrêmement complexes sont possibles et ne relèvent pas seulement de la pure théorie ou des scénarios cinématographiques. Les conséquences réelles de Stuxnet vont au-delà de toutes les menaces connues à ce jour.