Le marché local, lui, continue d'être la proie de l'informel, du risque mal contrôlé de flambée des prix, de la spéculation, de la mauvaise distribution, de l'absence de marchés de gros, d'une concurrence déloyale Ce sont peut-être les départs en vacances, mais tout, en tout cas, semble inspirer et faire penser à l'ambiance du Ramadhan au point d'en mettre en avant les enjeux socio-économiques, alors abordés largement la semaine écoulée, aussi bien dans l'amont agricole que dans l'aval commercial. Au titre des enjeux socio-économiques, il est question de disponibilité des produits alimentaires et de régulation commerciale devant neutraliser la très forte propension à la spéculation qui sévit durant le mois sacré et qui pénalise les bourses des citoyens, alors déjà fortement éprouvées par la cherté de la vie. Il est évident, au vu des dysfonctionnements constatés sur le terrain, de l'absence de visibilité dans le secteur et, surtout, de la contradiction entre une volonté politique fermement exprimée et le défaut d'efficacité au moment de l'application, que la politique qui régit le secteur du commerce est complètement inopérante et qu'elle mérite d'être revue de fond en comble afin de réhabiliter la seule chose qui puisse la valider, à savoir : l'efficacité dans l'action. A ce dernier titre, trois priorités ressortent et se profilent, à vrai dire, comme les enjeux et les finalités primordiales du secteur, en l'occurrence la régulation du marché, la préservation du pouvoir d'achat des consommateurs et le contrôle économique. Il faut préciser avant tout que l'Etat, actuellement, est en train de consentir des efforts qui vont au-delà de la régulation commerciale qui organise le marché interne, même si celle-ci est attendue avec autant de hâte pour réhabiliter un marché devenu, avec l'économie du capital, un espace ouvert aux quatre vents. Les efforts en question consistent à dresser en rempart un certain nombre de mécanismes qui neutralisent les effets des fluctuations des prix des produits alimentaires sur le marché local et donc aussi sur le pouvoir d'achat des consommateurs. Le marché local, lui, continue d'être la proie de l'informel, du risque mal contrôlé de flambée des prix, de la spéculation, de la mauvaise distribution, de l'absence de marchés de gros, d'une concurrence déloyale faute d'un conseil national de la concurrence, de l'absence, sur le terrain, d'acteurs associatifs qui agissent dans le sens de la promotion et de la protection des consommateurs, etc. LA REGULATION DU MARCHE EN QUESTION Réguler le marché, c'est d'abord imaginer des lois qui soient en adéquation avec ses réalités, ses besoins et les attentes des opérateurs et des consommateurs. C'est ensuite veiller au respect et à l'application de ces lois, tout en se confortant dans une posture de vigile à l'affût des situations de monopole, des actes de spéculation et des activités informelles qui nuisent aux intérêts des contribuables, du Trésor public et à la sécurité des consommateurs. C'est enfin, faire en sorte que le marché soit régulièrement approvisionné de façon à ce qu'aucune situation de manque ou de pénurie ne vienne favoriser des actes de spéculation propices à des augmentations des prix à des fins de gains excessifs et faciles. Et quand on aborde toutes ces questions comme étant la manifestation d'une régulation accomplie du marché, on se rend compte qu'elles sont en même temps structurantes et s'avèrent être les conditions suffisantes et nécessaires pour qu'en Algérie émerge un marché commercial aux normes internationales où peuvent s'exercer les autres actes publics d'organisation et de contrôle. PRESERVATION DU POUVOIR D'ACHAT DES CONSOMMATEURS Dans un marché jeune et désorganisé, qui n'a pas encore appris à assimiler les donnes socio-économiques qui doivent le structurer, des situations invisibles de monopole sur les produits de large consommation, des emballements actionnés des prix ainsi que d'autres manipulations coutumières, peuvent affecter jusqu'à un très haut degré le pouvoir d'achat de populations entières. Créant un fait accompli de hausse des prix qui met en difficulté économique des populations dont le pouvoir d'achat est très vulnérable, étant, dans la majorité des cas, à dominante alimentaire. En respect de la loi du marché que définit le sacro-saint rapport entre l'offre et la demande, l'Etat régulateur laisse s'établir des équilibres qui correspondent aux principes de la bonne commercialité. En revanche, il décide d'intervenir quand la situation requiert un arbitrage, dont l'enjeu est de sauvegarder le pouvoir d'achat des consommateurs, surtout lorsque celui-ci est compromis par des pratiques irrégulières, déloyales ou malsaines. L'arbitrage ou l'ingérence de l'Etat régulateur est, par ailleurs, d'ordre financier quand il s'agit de corriger un équilibre interne compromis par une situation donnée du commerce international, notamment lorsque les prix des produits de large consommation, hélas dépendant de l'importation, connaissent des hausses incontrôlées pouvant compromettre leur accessibilité, à l'achat, au consommateur final. Il est clair qu'un cas pareil de force majeure ne saurait être pérenne, une amélioration de la production locale devant être envisagée à terme afin de soustraire le Trésor public à de telles dépenses. Il faut certes préserver le pouvoir d'achat des citoyens à tout prix, mais à tout prix aussi, il faut se libérer de l'emprise des importations. CONTRÔLE ECONOMIQUE ET REPRESSION DES FRAUDES Occuper le terrain est primordial pour instaurer à terme une culture de l'autorité commerciale, dans un marché où ces actions demeurent épisodiques et donc insuffisantes et inefficaces. Le mois du Ramadhan, il est vrai, est le théâtre emblématique de tous les excès et le mois idéal, donc, pour marquer les esprits et agir dans le sens d'imposer le respect des lois qui régissent l'activité, mais le contrôle économique ainsi que la répression des fraudes sont des oeuvres de tous les instants durant toute l'année. Elles requièrent en cela un renforcement des ressources humaines à travers une large augmentation des effectifs, un affinement des formations et une mobilisation qui donne la juste mesure de la volonté publique de laisser commercer dans la légalité et la transparence et de ne plus laisser braconner les pseudo-commerçants. Le défaut de facturation généralisé, le non respect des normes d'hygiène, la non-conformité des espaces et des aménagements à l'activité de commerce de produits alimentaire, le défaut de déclaration des personnels, l'insalubrité des lieux d'hébergement des travailleurs dans de nombreux commerces destinés à la restauration, l'interruption, pour des raisons d'économie d'énergie, de la chaîne de froid, de surcroît, durant la période des chaleurs, etc. Sont autant de cas avérés de dépassements que le contrôle économique et la répression des fraudes peuvent prendre en charge, à la fois dans le sens de la coercition et dans celui de la prévention. Pour le commerce, l'accès à l'ère de la modernité économique passe par la satisfaction rigoureuse de toutes ces étapes, car il ne s'agit pas moins que de mettre un terme à une période de transition, théâtre de tous les excès et de tous les abus.