Le Ramadhan 2010, comme les précédents, a un coût très élevé. Et, pour cause, il se distingue par une hausse des prix des produits de consommation, particulièrement les viandes (rouge et blanche), les légumes et les fruits. Déjà accablée par un pouvoir d'achat modique, la majorité des Algériens a été agressée par cette flambée des prix, qui a même touché le secteur des transports. Récemment, des médias ont fait part du constat établi par certaines études. Celles-ci auraient ainsi montré que pour le seul mois de Ramadhan, le volume des dépenses des ménages varie entre 20 000 et 100 000 dinars. Un constat dont les conséquences sur les bourses modestes sont faciles à deviner. Sur un autre plan, le Ramadhan 2010 a, une fois de plus, dévoilé les dysfonctionnements du marché intérieur, souvent otage des importations, ainsi que les faiblesses de l'Etat en matière de contrôle, de mercuriale et de transparence. Une situation qui, confortée notamment par les différentes formes de corruption qui font le lit de l'informel, peut renseigner sur les raisons de l'envolée des prix des produits de consommation. Pourtant, cette année, l'hémorragie semble être plus grande, car le Ramadhan s'est présenté en pleine période estivale, c'est-à-dire pendant les vacances, devenant le témoin privilégié de la course effrénée aux dépenses, qui va se poursuivre pendant la fête de l'Aïd el-Fitr, à la rentrée sociale et à la reprise des cours. Comme à chaque veille du Ramadhan, le gouvernement a pris “les dispositions nécessaires” pour réguler l'approvisionnement du marché en produits de large consommation et de “lutter contre la spéculation sur les prix”. Il a tenté de rassurer : le Ramadhan 2010 sera différent des précédents. Les autorités affirment avoir pris toutes les dispositions pour permettre aux Algériens de vivre le mois sacré dans de bonnes conditions : importations de viandes, renforcement du dispositif de contrôle des commerçants, lutte contre la spéculation, mobilisation du corps des inspecteurs... Le problème récurrent de la flambée des prix des produits de large consommation durant le mois de Ramadhan a fait l'objet d'un Conseil des ministres et d'une audition ramadanesque, voire de l'installation d'une structure de coordination mixte commerce-agriculture, chargée de veiller au renforcement du dispositif de contrôle et à la surveillance du marché, notamment durant le mois sacré du Ramadhan 2010. Malgré les promesses du gouvernement et celles de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), qui avait exclu toute hausse des prix des produits de large consommation durant le mois de Ramadhan, et en dépit de la mise en place du dispositif de régulation et aussi des instructions données par le président de la République, les prix des principaux produits de consommation ont connu de fortes augmentations, et ce, dès le premier jour du mois de Ramadhan. Toutes les décisions prises pour éviter la saignée des citoyens ont été battues en brèche par les faiseurs de la spéculation. Au point où un ministre de la République, après avoir menacé les commerçants à l'origine des augmentations brutales et injustifiées des prix, a reconnu son impuissance en matière de contrôle, avouant que le département du Commerce “ne peut pas contrôler les prix”. Le gouvernement est-il vraiment incapable de faire face à ce phénomène ou ne s'est-il pas vraiment attaqué aux vrais facteurs qui déstabilisent et le marché et le citoyen ? D'aucuns pensent que les dirigeants sont en manque d'idées pour réguler le marché, entièrement dominé par les importateurs et les grossistes, qui dictent leurs lois aux pouvoirs publics et aux consommateurs. D'autres, en revanche, espèrent que la révision de la loi sur la concurrence et les pratiques commerciales, la première depuis juin 2004, apportera du nouveau en matière de lutte contre la spéculation et les pratiques commerciales illégales. En tout cas, les premiers commentaires sur cette nouvelle loi, publiée dans le JO du 2 septembre dernier, ne sont pas rassurants, en raison des “ambigüités” et des “interprétations” suscitées par le texte de loi.