Photo : S. Zoheir De notre correspondant à Constantine Nasser Hannachi M. Benbada a promis une révision des prix de quelques produits susceptibles de donner lieu à la spéculation, en se concertant avec plusieurs parties concernées. Néanmoins, on demeure sceptique. Certains estiment qu'il s'agit de faire un travail en amont avant de se lancer dans ce vaste champ d'uniformité des prix.D'aucuns considèrent que le plafonnement des prix s'avère bénéfique mais ne pourrait à lui seul endiguer la spéculation et que c'est une solution prise dans l'urgence pour apaiser les esprits des bourses moyennes. Le problème requiert, cependant, un traitement approfondi qui devrait s'attaquer à la racine du mal, c'est-à-dire à l'informel. Comment le débusquer et l'éradiquer des circuits de distribution. Aujourd'hui, les consommateurs achètent du sucre et de l'huile sans surcoût. C'est un acquis qui leur revient, mais aussi renfloue considérablement la trésorerie des producteurs et importateurs à la faveur des exonérations des taxes sur les matières premières. Il va sans dire que le débat sur ce phénomène des prix et leur application adéquate occupe les esprits. Quel dispositif garant serait en mesure de stabiliser les marchés en y associant des maillons forts de régulation ? D'ailleurs, les assises régionales prévues à la Direction du commerce de Constantine – celle-ci y apportera à coup sûr sa contribution – pourraient apporter un éclairage. Un fragment de propositions et surtout de réflexion émanant d'experts, d'universitaires, d'opérateurs et de cadres locaux servira d'orientation sur la donne actuelle du commerce et comment tenter de le réguler. C'est pour sortir de la spirale infernale de la spéculation que ces assises d'avril interviendront. «On sollicite toutes les parties compétentes afin d'apporter leur contribution pour une réflexion sur le propos», estiment les responsables du commerce. La concurrence déloyale sévit en toute impunité Depuis l'entrée en vigueur de la loi sur les pratiques commerciales relatives notamment au plafonnement des prix de l'huile et du sucre, le marché s'est stabilisé quant à ces denrées. C'est le satisfecit à l'échelle locale exprimé par les responsables du secteur. «Nous constatons une stabilisation dans les prix de ces deux produits. Nos brigades sont à pied d'œuvre dans toutes les surfaces de vente et n'ont relevé aucune irrégularité dans l'application de cette loi», témoigne un chef de service à la Direction du commerce de wilaya. Sans écarter quelques réductions sur les prix aussi minimes soient-elles, dont bénéficie évidemment le consommateur, notre interlocuteur estime que tant que ces baisses en deçà des 90 DA et 600 DA respectivement pour le sucre et pour l'huile n'affectent pas les pôles dominants du marché, soit les producteurs et grossistes ainsi que d'autres opérateurs «prédominants», les marges appliquées resteront tolérables. Du moins, jusqu'ici, aucune anomalie allant à contre-courant des amendements décidés n'a été verbalisée. En parallèle, la loi sur les autres produits de large consommation attend toujours un barème spécifique. Décidée par le ministre, cette revue de la mercuriale appelée à être uniformisée tarde à voir le jour. De l'avis de quelques spécialistes, une éventuelle régulation obéit par-dessus tout à l'inévitable équation de l'offre et de la demande. C'est certainement cela qui retarde la mise en branle des textes. «Il importe de fixer les circuits de commercialisation pour neutraliser ceux de l'informel, et d'offrir autant d'espaces de stockage avec des moyens inhérents pour des produits prédéfinis avant de se lancer dans une telle application.» Les aliments ciblés sont ceux affectés par de probables surenchères. Tant les pouvoirs publics tardent à passer à l'action et les spéculateurs tirent profit de cette situation, dont le bouc émissaire est à chercher dans la sentence calfeutrée «commerce libre». Dans ce cas, la Direction du commerce joue à l'observateur et ne peut qu'alerter devant une hausse déloyale dépassant toute logique ou piétinant un quelconque chapitre de la loi sur la concurrence. Malheureusement, rares sont les opérateurs qui saisissent l'organisme public pour d'éventuelles pratiques douteuses. Ce qui explique le désintéressement vis-à-vis de la loi sur la concurrence. Un travail en amont devrait servir de mesure incitative pour amener les opérateurs potentiels et surtout crédibles à défendre eux-mêmes les marges proposées en dehors des unités de gros ou de production. Cependant, le seul régulateur réside actuellement dans cette forme de bouc émissaire, à savoir «la pratique libre des prix», alors que la nouvelle loi sur la concurrence amendée est entrée en vigueur en 2010. Elle est venue modifier et compléter l'ordonnance n° 03/03 de juillet 2003 jusque-là bénéficiant d'une manœuvre réduite en matière d'intervention par les brigades de contrôle. Ainsi, le champ d'intervention du Conseil de la concurrence est élargi pour assurer des transactions transparentes. «Il y a eu des textes modifiés ou plutôt confortés par d'autres articles à comparer avec l'ex-règlement de 2003 ou de 2008», devait signaler M. Bouzoubia, responsable à la DCP. Les textes s'empilent, mais la réglementation sur le terrain fait cruellement défaut en raison d'une économie basée sur l'informel, où tout s'achète et se vend sans traces… au détriment des consommateurs et du Trésor public. Lorsque l'on élabore des textes, c'est pour qu'ils prennent effet et apportent des solutions à court ou à long terme sur un flottement permanent dans le marché ! Il importe ainsi de coordonner les actes de toutes les parties concernées pour mettre à exécution et réussir à endiguer l'informel qui ronge les commerces et fait fi des lois. Cela implique sans conteste des associations de protection des consommateurs. Elles doivent coexister avec le marché pour le surveiller et dénoncer le moindre dérapage sur les coûts. En clair, en plus de plafonner les prix, il est nécessaire de réguler et de contrôler rigoureusement la nature des transactions pour veiller au bon équilibre des consommateurs et de l'économienationale.