Vendredi, des milliers de personnes ont manifesté dans toute l'Egypte pour pousser le CSFA à des réformes et réclamer un plan clair et transparent pour la transition au sommet de l'Etat. L'Egypte, au creux de la vague depuis la chute du régime de Hosni Moubarak, n'arrive décidément pas à remonter la pente. Pis encore, la tension est montée de plusieurs crans depuis une dizaine de jours. Le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirige le pays depuis le 11 février et le gouvernement transitoire, ont de ce fait décidé de lancer un «plan d'attaque» pour reprendre les choses en main et stopper cette nouvelle contestation populaire. Le ministre des Affaires étrangères, Mohammed Al-Orabi, s'est chargé de la première manœuvre pour épargner le pays une nouvelle crise. Jugé par de nombreux manifestants comme proche du régime renversé, il a présenté sa démission samedi, indiquant que sa démarche a été entreprise «pour épargner au Premier ministre tout embarras pendant les négociations sur le remaniement en cours». Vendredi, des milliers de personnes ont manifesté dans toute l'Egypte, et en particulier sur la place Tahrir au Caire pour pousser le CSFA à des réformes et réclamer un plan clair et transparent pour la transition au sommet de l'Etat, accusant les militaires de s'être accaparé du pouvoir. Samedi, pour tenter d'apaiser les esprits, le Premier ministre a désigné deux adjoints à la tête du gouvernement. Il s'agit de Hazem Beblawi, professeur d'économie et ancien sous-secrétaire de la Commission économique et sociale de l'Onu pour l'Asie occidentale, et Ali al-Silmi, qui occupe des fonctions de premier plan dans le parti libéral Wafd. M. Beblawi supervisera la politique économique et M. Silmi sera chargé des questions liées à la «transition démocratique». M. Beblawi prendra également les rênes du ministère des Finances, un poste détenu par Samir Radwane, démissionnaire après avoir connu des déboires avec un projet de budget revu de fond en comble à la demande des militaires. M. Charaf a, en outre, prévu un remaniement gouvernemental aujourd'hui. La nouvelle liste de ministres a été soumise hier au CSFA. Selon les médias officiels, une quinzaine de ministres, les plus liés au régime de Moubarak, doivent être remplacés. De son côté, le CSFA, accédant à l'une des principales revendications des manifestants, a promis de limiter le recours aux tribunaux militaires pour juger les civils. Dans un communiqué publié samedi soir, il s'est engagé à ne juger devant des tribunaux militaires que les affaires de viols, d'agressions de policiers et d'attaques armées. L'armée a, toutefois, prévenu que si elle comptait respecter les manifestations pacifiques, elle interviendrait en cas d'atteinte aux biens publics ou privés. La multiplication des procès de civils devant des tribunaux militaires est l'une des raisons qui ont poussé des milliers d'Egyptiens à redescendre dans la rue pour réclamer de réelles réformes. Selon des organisations de défense des droits de l'Homme, entre 6.000 et 10.000 procès se sont tenus depuis février devant des cours militaires. Une partie de la population accuse, par ailleurs, le pouvoir de faire traîner les réformes démocratiques et sociales promises. Elle lui reproche également de manquer de fermeté pour faire juger les dignitaires de l'ancien régime et les policiers responsables de la répression lors du soulèvement qui a renversé le régime de Hosni Moubarak.