En Algérie, 3 800 entreprises de plus de 10 salariés ont un potentiel d'innovation sur des niches rentables dont il faudra renforcer les capacités, selon l'exposé de l'économiste algérien Abdelkader Djeflat, professeur à l'université de Lille, présenté hier à Alger. Pour cela, il faudra mettre en place le dispositif juridique et les mécanismes de financement de l'innovation par le capital risque, a indiqué M. Djeflat, lors du Think Tank, organisé par le journal Liberté. Pour l'instant seul le décret portant la promotion de l'innovation a été élaboré en attendant le dispositif juridique pour la mise en place de l'agence nationale d'innovation et ceux relatifs aux centres techniques d'innovation pour les 9 branches d'activités prévues. Actuellement, l'unique texte déjà élaboré porte sur le secteur de la mécanique en tant qu'Etablissement public à caractère industriel et commercial (EPIC), a précisé en marge de la rencontre Hocine Hadjiat, consultant et ingénieur civil des mines. Concernant les chiffres, il est difficile de les cerner puisqu'«un nombre incalculable d'innovations ne sont pas répertoriées et se font dans l'informel alors qu'il existe un potentiel de 50% des entreprises algériennes non mobilisées dans le processus de recherche et développement», a signalé M. Djeflat.Depuis l'étude menée, entre 2006 et 2007, par la Commission européenne et le ministère de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, le Système national d'innovation (SNI) a été mis en place mais sans répondre aux normes à ce jour, selon M. Djeflat. Ce dernier place l'entreprise au cœur de l'innovation. Ce qui n'est pas encore le cas, en Algérie, puisque l'entreprise reste partiellement impliquée dans le cercle du SNI. Pire encore, le financement ne suit pas car les banques sont exclues de ce système. LE RAPPORT DE L'INSEAD SERAIT ATTENTIVEMENT ANALYSE S'agissant du classement de l'Algérie à la dernière place en matière d'innovation, rendu public la semaine dernière par l'Institut européen (INSEAD), les spécialistes présents ont indiqué qu'une analyse très poussée de ce rapport aura lieu dans les jours avenir. A ce propos, le professeur Djeflat indiquera qu'«il faut relativiser le poids des indices synthétiques qui souvent utilisent les mêmes grilles d'analyse pour tous les pays alors que l'innovation peut prendre des formes diverses et variées d'un pays à un autre». Il est vrai, selon cet expert, que «la situation de l'innovation n'est effectivement pas brillante en Algérie quels que soient les normes et calculs utilisés compte tenu de tout son potentiel humain et financier». M. Djeflat explique que «les éléments qui semblent avoir poussé l'Algérie vers le bas sont la production scientifique et les institutions qui sont à l'origine du problème de gouvernance du processus d'innovation».