Photo : Fouad S. Annoncé et reporté plusieurs fois (2000, 2001 et 2008), le procès des assassins présumés de Lounas Matoub s'est ouvert hier au tribunal criminel près la cour de Tizi-Ouzou. Les deux mis en cause dans cet assassinat perpétré le 25 juin 1998 à Tala-Bounane dans la commune de Béni-Aissi, à savoir Malik Medjnoun et Abdelhakim Chenoui, étaient présents dans le box des accusés. Nadia, la veuve du chanteur, et sa sœur présentes lors de l'assassinat où elles ont été blessées, Na Aldjia, la mère et Malika Matoub, la sœur du chanteur, des membres de la fondation qui porte le nom du chanteur ainsi que 25 témoins convoqués par la justice assistaient au procès. Mais à peine celui-ci ouvert qu'il se retrouve suspendu lorsque les avocats des membres de la famille du défunt chanteur ont quitté l'audience de manière bruyante.Ainsi, pour la sœur, il n'est pas question de parler du procès de l'assassinat de Matoub mais bien celui des deux présents dans le box des accusés. Pour elle, la présence de Hassan Hattab, ex-leader du GSPC qui avait revendiqué l'assassinat, et 52 témoins dont les noms ont été remis à la justice, devaient être dans la salle pour qu'on puisse parler du procès Matoub. Comme elle a soutenu que l'on ne peut parler de procès dès lors que la procédure n'a pas été respectée avec le complément d'enquête exigé et que l'étude balistique et la reconstitution des faits n'ont pas été effectuées par la justice. Des propos étayés par l'avocat de la défense. «Rien n'a été fait dans cette affaire. Nous n'allons pas assister car nous considérons que les bénéficiaires et les commanditaires de l'assassinat de Matoub sont absents». Un retrait qui sera suivi de celui de Me Hanoune, avocat de la veuve du chanteur. «Je n'ai pas été consulté par mes confrères la seconde partie civile, je me retire momentanément pour consulter mes mandantes», dit-il. Entre-temps, Malik Medjnoun a été pris d'un malaise et évacué de la salle. Une heure plus tard, la séance reprendra avant qu'elle ne soit suspendue une seconde fois après le retrait cette fois de la veuve et de son avocat qui ont annoncé qu'une autre action judiciaire sera engagée. Entre ces deux interruptions de séance, l'avocat Me Aït Habib, défenseur de Malik Medjnoun, en prison depuis 13 ans, a insisté pour que le procès se tienne avec ou sans les parties civiles du fait que pour lui, c'est le procès de son mandant et de Abdelhakim Chenoui et non celui de l'assassinat de Lounès Matoub. Le juge, déterminé à poursuivre la séance, a menacé de la tenir à huis clos. Après la lecture de l'arrêt de renvoi qui s'est faite sans que ne soit cité le nom de Matoub, la parole a été donnée au représentant du ministère public qui, à l'issue de son intervention, a requis la peine capitale contre les deux accusés. Au terme du procès, le verdict tombe: 12 ans de prison pours les accusés.