Lors d'un point de presse animé, hier, à Tizi Ouzou, et à la veille de la tenue du procès de l'assassinat de son frère Lounes, Malika Matoub a déclaré avoir remis à la justice une liste d'une cinquantaine de personnes qui doivent apporter leurs témoignages sur les circonstances de l'assassinant du rebelle. Parmi les personnes figurant dans cette liste, on trouve, entre autres, des leaders de partis politiques, des médecins et même des journalistes. Il y a lieu de noter que le procès du chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounes, est prévu aujourd'hui, au tribunal criminel près la cour de Tizi Ouzou. Deux accusés y seront présentés devant la justice. Il s'agit de Malik Madjnoun et Abdelhakim Chenoui, détenus à la maison d'arrêt de Tizi Ouzou depuis leur arrestation en septembre 1999. Les chefs d'inculpation retenus contre eux sont « appartenance à un groupe armé » et « homicide volontaire avec préméditation ». « Nous assistons depuis 1998 à une procédure pénale totalement bafouée, de l'enquête préliminaire jusqu'à la cassation : interventions occultes, arrestations de suspects de manière illégale », a laissé entendre Malika Matoub avant d'ajouter : « Je ne cherche ni à régler des comptes ni à accuser qui que ce soit. Ce que je cherche, c'est l'éclatement de la vérité. » La sœur du rebelle estime que « la procédure judiciaire suivant laquelle est géré le dossier a été faussée dès le départ. D'ailleurs, il n'y a pas de nouveau. Tout est du réchauffé. C'est pour cela qu'on demande la réouverture du dossier », a-t-elle insisté. Et pour argumenter ses propos, elle relève que l'investigation préliminaire n'a pas été effectuée à Talla Bounan, lieu de l'assassinat du chantre kabyle. La conférencière poursuit : « On se demande comment ces deux « candidats à l'inculpation » ont été injectés dans le dossier. Il n'y a pas eu d'enquête préliminaire qui détermine que Chenoui et Medjnoun sont les auteurs ou bien les commanditaires de l'assassinat de Lounes. Il y a une injonction de l'extérieur. Nous ne cautionnerons jamais la condamnation d'inculpés alibi », a- t- elle-insisté. Aussi, Malika a révélé, qu'en 1999, elle a été reçue par l'un des conseillers du président de la république, qui lui a signifié, a-t-elle précisé, qu'« il y a huit auteurs de l'assassinat de Lounes. Cinq personnes sont mortes et les trois autres sont en fuite. Il ne m'a pas parlé des détenus alors que Chenoui et Medjnoun étaient déjà arrêtés. » « Dans quelle catégorie les a-t-il classés ? », s'est-elle interrogée. « Par ailleurs, il est utile de rappeler que le chantre de la chanson kabyle, Matoub Lounes, a été ravi aux siens, le 25 juin 1998, dans un guet-apens tendu à Tala Bounan, sur la route de Béni Douala.