L'étau se resserre autour de Bechar Al Assad et son pouvoir. Des Arabes, dont le Roi Abdallah, le poids lourd saoudien, se joignent aux concerts des protestations des Européens et des Américains qui envisagent de nouvelles mesures contre Al Assad. Ankara envoie, aujourd'hui, son ministre des Affaires étrangères Ahmed Davutoglu à Damas qui continue à justifier son envoi de chars dans les villes pour lutter contre des «groupes armés». «Agir face aux hors-la-loi qui coupent les routes, ferment les villes et terrorisent la population est une obligation pour l'Etat qui doit défendre la sécurité et protéger la vie des citoyens», déclarait cette semaine Assad. C'est pour transmettre un message décisif de la Turquie aux autorités de ce pays qui réprime dans le sang une contestation populaire qui réclame des réformes politiques et sociales, explique Recep Tayyip Erdogan qui a réuni, hier, son Haut conseil de sécurité qui n'exclut plus «une opération militaire» en Syrie, un pays avec lequel le sien partage une frontière de 850 km. «En raison de nos liens historiques, culturels et familiaux, les événements survenus en Syrie ne nous laissent pas la possibilité de rester comme simple observateurs», dit-il ajoutant que «le processus suivant sera décidé par la réponse que nous recevrons et les actions que prendront les autorités syriennes». Il n'est pas le seul voisin à suggérer à Damas de renvoyer ses soldats dans leurs casernes et d'opter pour une transition démocratique. Nabil al-Arabi, le secrétaire général de la Ligue arabe, est monté, pour la première fois, au créneau pour demander à Al Assad de «mettre fin immédiatement à tous les actes de violence et aux campagnes sécuritaires contre les civils». Quelques heures après, ce fut le Roi Abdallah d'Arabie Saoudite qui a annoncé le rappel de son ambassadeur à Damas. Un rappel qui pourrait être suivi par les monarchies du Golfe qui ont appelé samedi Al Assad à cesser l'« effusion de sang». Sur un ton rompant avec la discrétion des diplomates, il incite son homologue syrien à arrêter «avant qu'il ne soit trop tard», la machine de la mort» qui «contrevient à la religion, aux valeurs humaines et à la morale». «Le royaume ne peut aucunement accepter ce qui se passe en Syrie», dit-il exhortant la Syrie qui n'a que «deux choix : opter volontairement pour la sagesse ou s'enliser dans le chaos et la violence» à appliquer «des réformes globales et rapides». Le Koweït et le Bahreïn ont annoncé eux aussi le rappel de leurs ambassadeurs à Damas pour consultations. La Jordanie juge elle aussi, «inquiétante et triste» la situation qui dure depuis le 15 mars en Syrie. L'étau arabe qui se dessine à l'horizon finira-t-il par éloigner la Syrie de la sphère iranienne ?