A trois semaines, environ, de la tenue de la 15e tripartite, le président de la Confédération nationale du Patronat algérien (CNPA) a appelé le gouvernement à un grand débat sur la transition de l'économie qui «n'arrive pas encore à se défaire de l'emprise des hydrocarbures». Naït Abdelaziz a parlé sans hésiter de «mauvais choix» qu'il faut aujourd'hui dépasser. Le patron de la CNPA qui parle d'un «mémorandum» déjà prêt avec des propositions sur tout l'environnement de l'entreprise, notamment la filière des textiles et cuirs qu'il connaît bien pour l'avoir défendue depuis 1992, estime que dans cette situation, on ne peut prétendre créer de l'emploi et résorber le chômage. C'est à un véritable plaidoyer pour sortir l'entreprise algérienne des contraintes dans lesquelles elle se débat que s'est adonné l'invité de la 6e édition du forum de Algeria-Invest consacré aux questions de l'économie. Des choses que l'on connaît déjà, à savoir la croissance persistante de l'enveloppe destinée aux importations qui atteint le chiffre inquiétant des 40-45 milliards de dollars et qu'il relie aux «difficultés qu'éprouve l'entreprise de production» qui se détourne fatalement, dit-il de la production pour l'import-export. Le responsable de l'organisation patronale regrette que l'aisance financière serve non pas à «relancer l'économie», mais à couvrir la facture de consommation. Cela dit, le tableau n'est pas si noir puisque, Naït Abdelaziz atténue un peu la sentence pour dire que «des montants importants évalués à 300 milliards de dollars ont toutefois été investis dans des programmes d'infrastructures conséquents» initiés dans le cadre de la relance et des plans quinquennaux du président de la République. Ces investissements ont permis, tout de même, reconnaît-il plus loin de «faire un rattrapage de 30 ans». Le président de la CNPA a regretté, par ailleurs, la situation du potentiel industriel algérien et le peu de création de nouvelles entreprises. Il avance un chiffre de 400 à 450.000 PME, mais pour lui «ce n'est pas suffisant». Même si l'on tient compte du nombre de 600.000 avancé par d'autres. Ce chiffre serait loin «comparativement à un pays comme le Maroc», note-t-il Le concept d'économie de marché d'essence sociale semble séduire le représentant du patronat qui ne croit plus aux miracles de l'économie de marché tout court. Celui-ci appelle de ses vœux à sa mise en œuvre avec les outils qui vont avec, telle la planification des objectifs, les «choix et priorités» ainsi que les rôles respectifs du privé et du public. Ce dernier n'est plus considéré, selon lui, comme un secteur «budgétivore et un gouffre financier». Naït Abdelaziz en veut pour preuve la production industrielle qui (avant sa destructuration) constituait 20 % du PIB durant les années 80-90, pour 5 % seulement aujourd'hui. Enfin, et par rapport à la prochaine tripartite, M. Naït Abdelaziz considère qu'il y a eu «de bonnes mesures introduites dans le cadre de la loi de Finances complémentaire 2011» , suite aux propositions du patronat, mais c'est beaucoup plus «le suivi et la mise en œuvre sur le terrain qui font défaut», a conclu le président de la CNPA.