Sept années ont passé depuis l'affaire qui a mis en émoi la population constantinoise. On s'en souvient des neuf enfants furent mutilés-dont deux définitivement-lors de la 27e nuit du ramadhan, dans une clinique privée à El Khroub. Un traumatisme pour les parents, les séquelles du drame sont encore là, même si beaucoup de choses ont changé. Le verdict prononcé à l'encontre des quatre responsables a plus ou moins soulagé les familles, pas toutes bien sûr, mais cette négligence a surtout permis aux ministère de la Santé d'interdire en juin 2006 l'utilisation du bistouri électrique. Il a été décidé également que la circoncision ne sera exercée que par un chirurgien. Mais est-ce vraiment le cas aujourd'hui ? Malgré la multiplication des sorties des brigades des directions de la santé à travers tout le pays, les mauvaises habitudes ont la peau dure. En toute illégalité, des médecins ou des ‘'tahâr'' opèrent toujours le plus souvent clandestinement. C'est ainsi qu'un médecin généraliste exerçant dans le centre ville de Constantine nous a affirmé qu'il pratique depuis le début du mois sacré, l'ablation chirurgicale du prépuce, sans pour autant avoir une autorisation délivrée par la direction de la santé de la wilaya. Tandis que d'autres le font pour l'argent, il nous a assuré tout de même qu'il accueille seulement les enfants dont les parents sont des amis, des voisins ou de la famille. «Il y a quelques années, l'acte de circoncision était pratiqué par des gens qui n'ont jamais mis le pied dans une université, qu'on appelle ‘'tahâr. L'Etat fut obligé de réagir et de faire le ménage surtout dans les grandes villes. On a alors confié la mission à tous les médecins, pourvu qu'il ait un cabinet, un diplôme et un savoir-faire et pas nécessairement à des chirurgiens. Mais depuis le drame de la clinique du Khroub, les choses ont changé mais est-ce une solution de vouloir confier cette tâche exclusivement aux chirurgiens ? Je ne le pense pas, car les médecins généralistes ou pédiatres qui ont une longue expérience peuvent très bien assurer une intervention chirurgicale de quelques minutes et qui contrairement à ce que l'on croit est très facile à réaliser», affirme le généraliste. Cette vision des choses n'est pas partagée par les responsables de la santé. pour Nadjib Arab, directeur par intérim de la DSP, «c'est avant tout un acte chirurgical qui nécessite un savoir-faire pratiqué par des professionnels, nous prenons très au sérieux cette opération. Nous avons mené par le biais des associations et des médias des campagnes de sensibilisation où nous avons clairement indiqué que tout ce qui se fait en dehors d'une structure sanitaire est interdit par la loi. Pour cela, nous faisons régulièrement des inspections au niveau des cabinets médicaux, surtout le soir pour vérifier si le médecin pratique la circoncision clandestinement. Il faut préciser aussi que les chirurgiens qui possèdent des cabinets et qui désirent pratiquer la circoncision peuvent le faire, à condition qu'ils disposent de moyens, c'est à dire un plateau, de l'espace et du matériel. Il suffit qu'ils nous présentent un cahier des charges», explique M. ArabConcernant le déroulement de l'opération de circoncision dans la wilaya de Constantine, principalement pour la nuit du 27 de ce mois, M. Arab annonce que les inscriptions ont été lancées le 17 du mois en cours et elles doivent se prolonger jusqu'à la fin du ramadhan et même après l'Aïd. «Pour le moment, nous avons enregistré environ 800 enfants et nous nous attendons à un pic la veille de Leilat El qadr. Nous avons mobilisé une vingtaine d'équipes de chirurgiens, d'anesthésistes et de paramédicaux», signale le DSP. En tout, six établissements hospitaliers ont répondu favorablement pour la prise en charge des enfants en plus de quatre cliniques privées. Durant la nuit du 27, il y aura des brigades qui sortiront pour superviser le travail à travers toute la wilaya.