Madrid est prêt à reconnaître l'Etat palestinien, Berlin s'y oppose. L'Autorité palestinienne et la Ligue arabe sont déterminées à aller à la 66e session de l'Assemblée générale des Nations unies le 20 septembre prochain pour demander une reconnaissance pleine et entière de l'Etat palestinien, avec comme capitale El Qods-Est, malgré l'hostilité d'Israël et des Etats-Unis. Les Arabes qui comptent obtenir le soutien de «plus de 150 pays» sur les 193 membres de l'organisation, ont beau expliquer aux Américains que la reconnaissance de l'Etat palestinien n'est pas antinomique avec des négociations, que cet Etat est un droit palestinien consacré dans différents documents et résolutions de l'Onu et même reconnu par Israël lors de la signature des accords de paix à Oslo, les Etats-Unis s'arc-boutent. Ils menacent d'opposer leur veto et de suspendre leur aide économique allouée à l'Autorité (600 millions de dollars par an). Pour eux, cette démarche conduira le processus de paix à l'impasse. Pour dissuader Mahmoud Abbas, le président Obama a dépêché à Ramallah, pour la seconde fois en une semaine, David Hale, son émissaire pour le Proche-Orient, et Dennis Ross, son conseiller spécial. Hillary Clinton multiplie les appels. Elle déclare aux uns et autres, notamment aux Européens qui cherchent à trouver un compromis entre la position espagnole – Madrid est prêt à reconnaître l'Etat palestinien – et allemande – Berlin s'y oppose - , que la voie qui mène à une solution durable ne passe pas par New York. Le gouvernement israélien manœuvre pour gagner du temps en multipliant les obstacles. Comme son refus d'arrêter la colonisation, sa poursuite du blocus de Ghaza, son exigence d'une reconnaissance d'Israël comme Etat juif et d'un Etat palestinien démilitarisé. Avigdor Lieberman met vivement en garde contre un Etat palestinien à l'ONU. «Il y aura des conséquences dures et graves», dit-il sans préciser la nature de ces «conséquences». Songe-t-il à quelque manœuvre avec Hamas qui qualifie la requête de Mahmoud Abbas de «périlleuse pour le mouvement de résistance palestinien » ? Selon Salah Bardawil, son porte-parole, cette campagne «consolide la reconnaissance palestinienne du droit d'Israël à exister en tant qu'Etat souverain».