Guerre à fleurets mouchetés entre les grandes puissances sur le Soudan. Les Etats-Unis qui sont en mal de stratégie, lanceront demain une nouvelle initiative de paix après l'échec de Scott Gration, leur émissaire, à proposer une autre politique. La Russie qui entretient de bonnes relations avec le Soudan, a organisé début octobre une conférence internationale sur le Darfour avec des délégués de l'ONU, de l'Union africaine, de la Ligue arabe. Objectif : trouver les conditions du retour de la paix au Soudan qui ne laisse personne indifférent. Selon Scott Gration, l'émissaire du président Barack Obama pour le Soudan, Hillary Clinton, la secrétaire d'Etat, annoncera demain cette « approche». Faite d' « encouragements et de pressions », cette stratégie favoriserait le respect des droits de l'Homme et une « plutôt une collaboration qu'un isolement » du gouvernement soudanais. Scott Gration qui a promis cette approche en mars dernier, tente depuis de fédérer les groupes rebelles du Darfour qui sont sollicités par M. Béchir de déposer les armes et de s'engager dans les pourparlers. Outre ce conflit qui dure depuis février 2003 (300.000 morts selon l'ONU, 10.000 selon le gouvernement soudanais et de 2,7 millions de déplacés) Khartoum est en « guerre » avec le sud du pays. Deux conflits qui ne peuvent être séparés et qui pourraient flamber à tout moment. Le Sud, après une période d'autonomie régionale de six ans, se prononcera conformément aux accords de 2005 qui ont mis fin à 22 ans de guerre (deux millions de morts) lors d'un référendum en janvier 2011, sur son indépendance. Pas moins de deux rounds de pourparlers entre le vice-président de la région semi-autonome du Sud-Soudan Riek Machar et le vice-président soudanais Ali Osmane Taha ont été consacrés à Doha, Qatar, pour les règles de ce référendum. Selon M.Machar celui-ci ne sera valide que si la participation totalise au moins les deux tiers des électeurs et l'indépendance sera accordée si cette option réunit 50% plus une voix. Le Parti du congrès national (NCP), la formation d'el-Béchir qui détient la majorité des sièges dans le gouvernement d'union nationale avec Mouvement populaire de libération du Soudan (SPLM) des ex-rebelles sudistes, veut fixer à 75% des voix le seuil minimal permettant l'indépendance. Laissera-t-il faire ? Idem pour les sudistes qui ont refusé toute participation de leur diaspora vivant dans le Nord et à l'étranger. Le SPLM et les grands partis d'opposition menacent de boycotter les élections si des lois garantissant le respect des libertés fondamentales et diminuant le pouvoir des services de renseignement ne sont pas votées d'ici le 30 novembre. «Nous allons revoir ces lois pour les harmoniser avec la Constitution » promet M. Béchir, en annonçant la formation prochaine d'une commission nationale pour les droits de l'Homme. Ce rapprochement inauguré par l'appel de Union européenne à la mise en œuvre de l'accord de paix global le plus vite possible pour organiser des élections présidentielles et législatives libres et justes en avril 2010, les premières depuis 1986, un referendum en 2011, et les questions d'intérêt commun qui émergeront après 2011, fait tâche d'huile. Même le Tchad s'engage à restaurer la confiance et relancer la coopération avec le Soudan, un pays avec lequel il entretient depuis 2003 des relations chaotiques. Le souhait d'envoyer le président Omar el-Béchir devant la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité, au Darfour, semble appartenir au passé. L'échafaud est dressé à la Haye pour Bahar Idriss Abou Garda, le chef du Front uni de résistance (URF), un groupe de rebelles du Darfour. Il est poursuivi pour crimes de guerre. Il aurait lancé le 29 septembre 2007une attaque contre des soldats de maintien de la paix à Haskanita, dans le nord du Darfour (douze morts, huit blessés).