Le Soudan a estimé lundi que la nouvelle politique exposée par le président américain Barack Obama envers Khartoum comportait des "points positifs" témoignant d'une volonté de dialogue et non d'isolement. La Maison blanche a dévoilé lundi une stratégie de dialogue conditionnel avec le Soudan marquant une coupure avec la logique de confrontation qui prévalait jusqu'ici. Washington entend proposer des "incitations" au gouvernement soudanais s'il améliore la situation sur le terrain et avance sur la voie de la paix au Darfour, mais compte renforcer au contraire les sanctions à son encontre s'il n'agit pas. Barack Obama a ajouté qu'il renouvellerait dès cette semaine les sanctions déjà en vigueur contre Khartoum. Ghazi Salahaddin, conseiller auprès de la présidence soudanaise, a jugé "importante" l'absence de menaces militaires contre son pays, évoquant à cet égard "l'esprit nouveau d'Obama". Il a déploré en revanche que la Maison blanche continue d'employer le terme de génocide à propos du Darfour. "Il est fâcheux que l'administration persiste à employer le terme de génocide, ce qui ne reflète pas les réalités du Darfour", a déclaré Salahaddin. Dans sa déclaration de lundi, Obama fait valoir que "le génocide du Darfour a coûté la vie à des centaines de milliers de personnes et en a déplacé des millions d'autres". Le changement d'approche décidé par Washington traduit le point de vue de Scott Gration, que le président américain a nommé en mars émissaire au Soudan. Aux yeux de Gration, de nombreux problèmes en suspens au Soudan peuvent être réglés en coopération avec le gouvernement du président Omar Hassan al Bachir. "Son argumentation est simple: on ne peut parvenir à la paix au Soudan sans travailler avec Bachir", rapporte un responsable américain. Washington n'envisage cependant pas de dialogue direct avec le président soudanais, qui est sous le coup d'un mandat d'arrêt de la Cour pénale internationale (CPI) pour crimes de guerre. Pendant sa campagne électorale de 2008, Barack Obama avait estimé que les massacres du Darfour constituaient "une tache collective sur la conscience nationale et humaine". Il s'était prononcé pour un durcissement des sanctions internationales contre Khartoum.