Aucune loi ne peut modifier ou effacer la mémoire nationale. La révolution algérienne et les événements historiques ne peuvent pas faire l'objet de recours ou de pourvoi, a affirmé, hier, à l'APN, Tayeb Louh, ministre du Travail et de la Sécurité sociale, lors de la journée parlementaire consacrée à la célébration de la journée nationale de l'émigration commémorant les massacres du 17 octobre 1961 en plein Paris, faisant référence à l'ambition de la France à positiver, par le biais de loi, la colonisation et effacer par de simples décrets les crimes qu'elle a commis en Algérie. Mais les événements du 17 octobre 1961 ne peuvent pas être oubliés parce que l'Hexagone en a décidé ainsi. «Cette journée est profondément ancrée dans la mémoire nationale car non seulement elle est considérée comme un passage historique important dans la révolution mais aussi un événement unique dans son genre. Nous n'avons pas vu de pareil dans l'histoire des autres nations», estime pour sa part Saïd Abaddou, secrétaire général de l'Organisation des moudjahiddine, qualifiant les manifestations organisées à Paris par les émigrés algériens le 17 octobre 1961 de «séisme» auquel la France ne s'attendait pas, perturbant complètement son gouvernement et sa force militaire et sécuritaire. Cette France-à, poursuit-il, qui aujourd'hui, veut faire oublier ce «séisme» par un coup de loi. «Rappelons-nous la visite du président français où il a annoncé le refus de la France de demander pardon à l'Algérie pour les crimes qu'elle a commis, allant même jusqu'à proposer de tourner la page et construire des relations entre les deux pays en laissant de côté l'Histoire commune. Ce même président qui a décidé d'opter pour le 5 juin comme journée marquant la fin de la guerre en Algérie au lieu du 19 mars», a souligné le SG de l'Organisation des moudjahidine. «Nous assistons aujourd'hui au retour des pays dominants qui veulent s'imposer dans le monde en reniant l'histoire et les réalités historiques. Pour notre part, nous devons conserver notre histoire et maintenir nos exigences, à savoir la reconnaissance par la France de ses crimes en Algérie, de présenter ses excuses aux Algériens, les indemniser et restituer tout ce que la France a substitué à notre pays», conclut-il. Lors de cette journée parlementaire, inaugurée par le représentant du président de l'APN, Abdelhamid Si Afif, des moudjahiddine ont apporté leurs témoignages sur les événements du 17 octobre 1961. La militante Akila Ouared a affirmé à ce propos que c'est la première fois que cet événement est évoqué devant les députés. «Il faut savoir que la manifestation du 17 octobre 1961 n'était pas une action spontanée mais réfléchie. C'est l'aboutissement d'un travail acharné qui a nécessité des années de travail.» De son côté, Ahmed Arad, secrétaire national de l'Organisation nationale des moudjahiddine, a expliqué que les manifestations des Algériens en France se sont poursuives jusqu'au 11 novembre et que l'une des raisons principales qui ont conduit à la manifestation était le couvre-feu imposé par la France. «Le travail de la fédération du FLN en France s'effectuait le soir, clandestinement. Avec le couvre-feu, le FLN aurait été comme asphyxié», se souvient-il. Boualem Ben Rajem, militant également, a signalé pour sa part qu'il a pu, avec la collaboration d'autres personnes algériennes et françaises, accéder aux écoles de l'Hexagone pour évoquer, devant les éléves, les événements du 17 octobre 1961.