Photo : Horizons. La petite Ahlem à peine haute comme trois pommes, dialysée depuis plusieurs années, a ému tous les participants à la journée parlementaire sur le traitement de l'insuffisance rénale organisée, hier, à l'APN. Cette rencontre a été initiée par la commission de la santé, des affaires sociales, du travail et de la formation professionnelle de l'Assemblée populaire et la Fédération nationale des insuffisants rénaux (FNIR). En s'adressant à l'assistance, Ahlem a émis le vœu de recevoir juste un rein pour vivre normalement comme les autres enfants et faire des études pour devenir médecin ou chercheur. Les autres malades ont montré aux députés leurs fistules sur les bras et certaines complications liées à la mise en place de cet instrument destiné à faciliter la circulation du sang durant la séance de dialyse. A cette occasion, Mustapha Boukhaloua, le président de la FNIR, a bien mis en exergue la situation qui prévaut aujourd'hui en hémodialyse mérite une attention particulière. Il a affirmé qu'un certain nombre d'inadéquations et de disparités en matière de prise en charge des patients sont engendrées par la méconnaissance des mécanismes complexes inhérents à ce traitement par les instances concernées. « L'incidence et la prévalence de l'insuffisance rénale chronique (IRC) sont méconnues en Algérie, le nombre de malades est en nette progression et bientôt chaque quartier de nos villes et villages aura sa propre unité d'hémodialyse, quant au nombre de décès passés sous silence, il est effarant », a témoigné M. Boukhaloua. MANQUE DE COORDINATION AU SEIN DES ÉQUIPES PLURIDISCIPLINAIRES Pour l'ex-ministre de la Santé, le Pr Aberkane, cette situation est aussi le résultat de manque de concertation. «La première transplantation rénale a eu lieu en 1987, ensuite des retards ont été enregistrés dans cette dynamique». Selon lui, il faut faire l'état des lieux pour pouvoir réaliser un système d'information sanitaire basé sur des fichiers, des registres des cancéreux, des insuffisants rénaux, des cardiopathes, des handicapés…, et pour évaluer et prévoir les investissements d'abord au niveau local. L'ancien ministre de la Santé n'a pas omis d'évoquer les disparités et les déséquilibres quant à l'accès aux soins et la prise en charge dans les secteurs privé et public dans les grandes villes, l'intérieur du pays et le sud. Il a également parlé du problème de manque de coordination au sein des équipes pluridisciplinaires notamment pour ce qui est des opérations chirurgicales de haut niveau. «Il faut que tout aille en harmonie entre les différents intervenants», a t-il souligné. Concernant la prise en charge médicale de l'enfant, le Pr Aberkane a estimé que «c'est un scandale et une honte de ne pas éviter les morts évitables». A ce titre d'ailleurs, il n'a pas manqué de pointer le doigt sur le manque de coordination entre les équipes pluridisciplinaires. Pour le Pr Si Ahmed El-Mehdi, chef de service de chirurgie interne et de greffe de l'hôpital de Blida, l'Institut du rein et des greffes d'organes, en voie d'achèvement à Blida doit être une institution de référence pour les soins de haut niveau et de soutien pour la transplantation d'organes. Mais, lui aussi a soulevé l'inexistence de coordination entre les hôpitaux en matière de transplantations. Pourtant, cette relation est l'une des clés, selon lui, pour fédérer toutes les prestations du donneur d'organe jusqu'au receveur. Pour arriver à ce stade, il est recommandé selon Mohamed Boukhors, membre du bureau fédéral de la FNIR, d'initier les familles sur la culture du don d'organe en faisant appel au ministère des Affaires religieuses, à la communication, de motiver les équipes de médecins, de prendre en charge la famille du donneur notamment le donneur cadavre avec une assistance liée aux formalités administratives. Il a exhorté les pouvoirs publics de mettre en place un plan de greffe comme certaines pathologies sur la base d'un cahier de charges. L'idéal pour M. Boukhors est d'arriver à 25 greffes pour 1000 habitants. - La Fédération nationale des insuffisants rénaux a recensé 12 049 pour 273 centres dont 26 équipés mais non encore fonctionnels - Chaque année, 3500 insuffisants rénaux nouveaux sont enregistrés. - En 2020, ils seront 60 000 insuffisants rénaux chroniques - 80% des dialysés sont touchés par l'hépatite virale - A ce jour, 800 patients ont été greffés dont 500 en Algérie - 116 greffes ont été réalisées en 2007 - A ce jour, 6 prélèvements de reins ont été réalisés sur des cadavres.