«L'Algérie est terre de savoir». « Le layadjouz, c'est fini ». Alors que les manifestations du centenaire de la Zaouïa Alawiya se sont clôturées hier à Mostaganem, ces deux constats de son premier responsable, le cheikh Khaled Bentounès, peuvent résumer l'esprit de cette rencontre. On ne peut pas dire que les travaux qui se sont déroulés pendant une semaine à l'université de la ville aient seulement soulevé la curiosité des seuls spécialistes ou des initiés des confréries. La publication d'un livre de Khaled Bentounès a soulevé des débats utiles et salutaires pour toute la société. Jamais sans doute cette confrérie célèbre et célébrée surtout à l'ouest du pays n'a suscité autant d'intérêt. Au-delà de la polémique née de la représentation discutée d'images du Prophète (QSSSL) qui a donné de la matière aux médias, il faut surtout relever l'utilité des questionnements. Le temps semble révolu où seuls quelques spécialistes vite accusés d'acculturation, voire de dépersonnalisation comme Arkoun, Chebel ou Zeghidour, tentent de mettre fin à la dénaturation du message religieux. C'est d'un sanctuaire de l'Islam qui a été toujours porteur de valeurs de solidarité et d'humanisme qu'est sorti l'appel à une prise de conscience pour mettre fin aux dérives. A une conception unitaire de la religion qui a connu ses heures de gloire quand elle s'ouvrit aux courants de pensée du monde. Cheikh Bentounès a affirmé, lors d'une conférence de presse, animée jeudi, que cette rencontre s'inscrivant au service de l'humanité et de la noble mission de l'Islam, a permis d'instaurer un débat de qualité autour de différentes questions de l'heure: scientifiques, culturelles, écologiques et spirituelles. Comment tourner le dos à la question des droits de l'homme, du réchauffement climatique ou des médias ? C'est une posture qui relègue en marge du monde. La zaouia ne s'est pas contentée, en effet, de débattre des aspects strictement religieux qui parfois paraissent en décalage avec le monde moderne. La réflexion a davantage porté sur des sujets de l'heure auxquels les hommes de foi devraient apporter des clés de compréhension. Nous n'avons pas eu affaire à des cheikhs qui tentent de remettre sur le chemin des jeunes qui souvent avaient répondu à des appels de promoteurs du djihad qui fusent des mêmes horizons. Les invités de la Alawiya ont prouvé que l'Islam est porteur de promesses. Ce congrès a redonné à l'Algérie et à ses personnalités de soufisme et de savoir leur place et leur notoriété. «Nous avons cherché une voie rassembleuse des membres de la société quelles que soient leurs opinions et leurs tendances», dira Cheikh Bentounès. Il a également évoqué le rôle de «la caravane de l'espoir», initiée par la Tariqa Alawiya ayant sillonné depuis le début de l'année en cours 55 villes du pays, appelant à la paix, à l'espoir et à l'unité. Les invités d'une quarantaine de pays, parfois des universitaires émérites, sont venus au centenaire de la Tariqa Alawiya pour soutenir cette démarche de rénovation et démontrer que l'espoir demeure dans les rangs des musulmans.