Photo : Horizons. Deux heures de concert qui ravivent la flamme du cœur, de l'âme et de l'esprit. Ce sont ces instants de bonheur que donne sans compter Khelil Guechoud avec son groupe composé de trois musiciens. Il vient d'être la vedette de la soirée de concert organisée au Palais de la culture. La vedette, c'est peu dire, car avec son enthousiasme communicatif, son engagement total dans son art, sa virtuosité légendaire au saxophone et son avide volonté de partager le plaisir qu'il trouve à jouer, c'est la salle entière qui a fondu et vibré avec lui. Le secret de cet immense succès se reflète dans son heureuse initiative de marier la musique jazz avec les mélodies algériennes. Ainsi, si quelqu'un est indifférent au jazz, il finira par aimer ce genre musical universel quand il l'entend encadrer notre musique du patrimoine, issues des diverses régions d'Algérie, de l'ouest, du centre, du sud. Comment alors ne pas apprécier, interprété dans le style du swing, l'attachante mélodie de «Maknine Ezine », cette admirable composition du regretté El Badji. Le plus merveilleux, c'est quand l'élégante et distinguée Kamila Nour prête sa voix si mélodieuse et si captivante, à l'interprétation de cette chanson. Accompagnée au saxo par Khélil Guechoud, à la basse par Rédouane qui joue aussi de l'harmonica, au piano par Sid Ali Allouache et à la batterie par Saïd Temmache, Kamela Nour a fait sensation par sa parfaite maîtrise du blues, elle qui rayonne si bien dans tous les genres de notre patrimoine musical, l'andalou en particulier. L'orchestre All Jazz de Khelil Guechoud a joué dans le même esprit une chanson, El Barah, du regretté Hadj Hachemi Guerrouabi, l‘inoubliable mélodie de Ahmed Wahbi, «Féte Elli Féte», le titre à succès de Cheb Khaled, «Bakhta», l'air si tendre de l'opérette Hizziya et aussi, la mélodie romantique et sentimentale de Qom Tara, tout cela sous la forme des rythmes du jazz. Khelil Guechoud a même accompli des prouesses en interprétant au saxo, le genre si nuancé et si nostalgique qu'est le Tergui. Ce musicien à l'immense talent joue avec cœur en se donnant à fond. La liberté d'interprétation que lui procure le jazz l'inspire encore davantage. Il se surpasse quand il est sur scène. Il ne démontre pas seulement ses capacités artistiques élevées dans le seul exercice de faire renaître les mélodies algériennes, mais il le prouve aussi en jouant superbement, les standards classiques du jazz authentique. Khelil Guechoud a ainsi soulevé l'enthousiasme général avec le titre universel, Take Five et celui bien classique de, So What. Ses admirateurs attendent impatiemment le prochain concert et espèrent ardemment l'enregistrement, dans un album, de ses créations musicales qui portent haut le prestige de la composition algérienne.