Photo : Fouad S. Aïn Témouchent, «perle de l'Oranie», dite aussi «la Florissante», est l'une des localités où, depuis seulement une décennie, le développement local est lancé tous azimuts. Zones industrielles, travaux publics, agriculture et pêche mais surtout le tourisme balnéaire, sont entre autres principaux axes d'une politique de développement durable, enclenchée ces dernières années, dans cette région de l'extrême nord-ouest du pays. Aïn Temouchent, de par sa situation géographique, occupe une place privilégiée. Sa proximité par rapport aux trois grandes villes de l'ouest-70 kilomètres à l'ouest d'Oran, 70 km au nord de Sidi Bel Abbès et 75 km à l'est de Tlemcen-fait d'elle un pôle économique par excellence. A vrai dire, et du point de vue de citoyens et responsables de cette localité, celle-ci n'a connu son «véritable» développement qu'à partir de 1999, soit au lendemain du séisme qui a détruit une bonne partie de la vieille ville, «à quelque chose malheur est bon», dixit l'adage. Les enveloppes budgétaires allouées par l'Etat sans omettre les différentes aides financières provenant d'institutions internationales, ont permis, en effet, une reconstruction rapide de la ville, voire donné un coup de starter pour l'évolution de l'ensemble de la région. Les huit daïras que compte la wilaya (Aïn Témouchent, Beni Saf, Hammam Bou Hadjar, El Malah, Aïn Kihal, El Amria, Aïn El Arbaâ, Oulhaça) ont enregistré un bond socioéconomique sans précédent. INDUSTRIE : L'APPORT DU PRIVÉ L'activité industrielle au niveau de cette région est de plus en plus dense compte tenu des atouts économiques et naturels dont elle jouit. Le secteur industriel, classé deuxième domaine créateur d'emplois après l'agriculture, se caractérise par sa diversité : privé et public, comme le précise un responsable de la wilaya. D'après lui, la région dispose de plusieurs zones industrielles dont celles de Aïn Temouchent et de Beni Saf et de quelque 30 zones d'activité réparties sur l'ensemble de ses communes. Le complexe de détergents ENAD/Henkel de Chaâbat El Ham avec un effectif de 693 travailleurs, la cimenterie SCIBS de Beni Saf, l'une des plus importantes de l'ouest algérien (elle emploie 616 travailleurs) et l'unité de l'entreprise manufacturière de l'Enipec (Entreprise nationale de l'industrie des peaux et cuirs), sont les entreprises publiques «phare» qui, à elles seules, emploient, précise-t-on, 2500 ouvriers. Le secteur industriel privé, spécialisé dans la branche légère, dispose de 13 unités agro-alimentaires (boissons gazeuses, production de papier, fabrication de bonbons...), emploie, poursuit notre interlocuteur, près de 1000 ouvriers. Aussi, l'activité minière y est présente avec seize carrières activant dans les domaines de l'agrégat, du sable, tuf, de la pierre de taille, l'argile et du calcaire pour ciment, totalisant quelque 500 postes d'emploi. Sans donner plus de précisions sur les secteurs qui seront concernés, ce cadre de la wilaya rencontré au siège de cette dernière, ajoute que «des projets visant l'intensification de l'activité industrielle sont inscrits dans le programme quinquennal tracé par la wilaya». AGRICULTURE : LES CONDITIONS CLIMATIQUES, UNE ENTRAVE A vocation agro-pastorale, la wilaya de Aïn Temouchent recèle de grandes superficies de terre arables. M. Mansouri, de la Direction des services agricoles (DSA) souligne que 89% de la superficie agricole est utile. L'occupation du sol est répartie, explique cet agronome, entre les céréales, légumes secs, fourrages et les vignes. Tout comme le secteur industriel, l'agriculture est partagée entre les secteurs public et privé dans cette wilaya, enchaîne la DSA. Le secteur public compte 4 fermes pilotes relevant des EA.C (Exploitations agricoles collectives). Pour le secteur privé, on dénombre près de 5000 propriétés agricoles. L'agriculture demeure, au niveau de cette région, le premier secteur absorbant le chômage, avec près de 20 000 personnes employées, soit, souligne-t-on, 36% de la population active. Délaissée pendant près de trois décennies, la culture du vignoble a repris son aura. Des agriculteurs de la région s'accordent à dire que la culture des céréales que l'on a substitué au vignoble, n'a pas donné les fruits escomptés en raison, explique-t-on, de la non-adaptation de la terre à cette culture. Depuis quelques années, on assiste à la reconstitution d'un potentiel viticole, ceci pour répondre au faible taux de pluviosité et à la nature des sols. Cependant, les conditions climatiques restent le principal obstacle pour le développement de ce secteur à Aïn Temouchent. La sécheresse «chronique» qui frappe la région provoque chaque année une baisse de la production. La pluviosité chute parfois de 500 à 300 millimètres en moins d'une décennie, souligne la DSA. S'ajoutent à cela le non-respect et le manque de maîtrise des techniques culturales par les fellahs déjà endettés auprès des banques. En ce sens, la majorité des fellahs plaident l'application «immédiate» de la décision du chef de l'Etat d'effacer les dettes des agriculteurs. Par ailleurs, et en dépit de ces entraves, des responsables du secteur dans la région, visiblement optimistes, soutiennent que le potentiel agricole offrira de grandes possibilités de développement avec notamment l'introduction de nouvelles cultures adaptées au climat de la région. Concernant la pêche, celle-ci est appelée à jouer un rôle plus poussé dans l'activité économique de la wilaya étant donné l'existence d'un potentiel halieutique considérable estimé à 45.000 tonnes par an sur les 2260 km⊃2; que forme la zone de pêche de la wilaya. Actuellement, indiquent des professionnels, la pêche s'exerce dans des conditions difficiles et avec des moyens traditionnels. Ils évoquent, à titre d'exemple, le problème de la pièce de rechange et la vétusté des équipements. Espérant voir le projet d'installation d'une station de communication au niveau des deux ports de la région se concrétiser, les professionnels indiquent que «ce secteur doit impérativement s'adapter aux nouvelles données économiques et aux avancées technologiques». En guise de partenariat entre secteurs, la wilaya a lancé, en collaboration avec le Centre nationale de recherche et de développement de la pêche et de l'aquaculture (CNRDPA), une opération-pilote portant sur l'ensemencement et l'alevinage des bassins d'irrigation agricole. Cette expérience a donné, selon la DSA, des résultats positifs «grâce à la sensibilisation des agriculteurs», soulignant que «l'impact est positif, non seulement pour la production halieutique mais aussi la production agricole irriguée». TOURISME : LE NERF DU DÉVELOPPEMENT Si les potentialités de l'agriculture demeurent tributaires de certains facteurs relevant du domaine climatique en particulier, celles du tourisme pourraient constituer le nerf du développement de la région. La façade côtière, qui s'étend sur 80 km, peut faire de Aïn Temouchent un pôle touristique de dimension nationale et même internationale «pour peu que des investissements et des aménagements adéquats soient réalisés», s'accordent à dire des estivants ayant séjourné à Aïn Temouchent. Pour la Direction de l'environnement et du tourisme, «il est incontestable que le développement économique de la wilaya repose dans la promotion du tourisme balnéaire». Rachgoun, Sidi Djelloul, Terga, Sassel, Sbiaât et Bouzedjar sont des plages «féeriques» que compte le littoral de la florissante Aïn Temouchent. Cependant, faute d'infrastructures adéquates et en quantité suffisante, la région ne peut répondre aux besoins des millions d'estivants qui la fréquentent. Syphax, situé au niveau de la plage Rachgoun, et En Nabil, près de Beni Saf, sont les rares complexes de la wilaya. Il existe aussi 14 centres de vacances et 11 camps de toile sur les 15 plages autorisées à la baignade que compte cette localité balnéaire. Les hôtels Bel Air et Siga, relevant respectivement des communes de Aïn Temouchent et Beni Saf, ne sont, hélas, pas à la portée de la majorité des estivants en raison des prix jugés excessifs qui y sont proposés. Pour augmenter la capacité d'accueil actuelle, la Direction du tourisme s'est lancée dans la réalisation de plusieurs projets d'investissement visant la création d'équipements touristiques (complexes, restaurants, relais routiers, campings...). Le tourisme dans la wilaya ne s'arrête pas seulement au tourisme balnéaire ; on n'y trouve également des sites archéologiques et historiques. On en dénombre les ruines de Siga, capitale du roi numide Syphax, et le tombeau de ce dernier, datant du troisième siècle avant Jésus Christ. Il y a aussi le site Tafna, où fut signé le célèbre traité entre l'Emir Abdelkader et le général Bugeaud. Les statistiques liées au nombre d'estivants qu'enregistre Aïn Temouchent avancent le chiffre de 10 millions par an.