L'Algérie ira « en toute confiance » au sommet de Copenhague, sur les changements climatiques, prévu pour le mois de décembre, puisque premièrement elle n'est nullement un pays « pollueur » et deuxièmement elle s'est déjà inscrite dans une nouvelle logique environnementale pour faire face au « dérèglement » inquiétant de la planète. En effet, le gouvernement algérien, sur instruction du président de la République qui a à mainte fois souligné «la gravité» de la crise climatique, est en train de songer à une nouvelle politique intersectorielle en vue d'intégrer les changements climatiques dans le développement national. C'est du moins ce qui ressort de le journée parlementaire sur les changements climatiques et les mécanismes de développement, organisée, hier, par le Conseil de la nation avec pour thème «La conférence de Copenhague : défis et enjeux». Sachant que le traité de Kyoto prendra fin en 2012, les Etats signataires se préparent d'ores déjà à aller vers le sommet de Copenhague devant tracer les lignes générales de la lutte contre le réchauffement climatique dans l'avenir, a indiqué M. Amar Abba, directeur au ministère des Affaires étrangères. Ce dernier estimera qu' «il ne faut pas s'attendre à un accord révolutionnaire» lors de cette rencontre. De son avis, l'Algérie s'attend à «un accord intérimaire» et à un succès «limité» de ce sommet. LA RESPONSABILITÉ DU RÉCHAUFFEMENT CLIMATIQUE N'INCOMBE PAS AUX AFRICAINS Il notera toutefois que l'attitude de la nouvelle administration américaine est tributaire de la position du Congrès, qui débat actuellement la loi relative au réchauffement climatique. M. Abba relèvera la volonté du président Barack Obama de rapprocher la position de son pays de celle l'Union européenne (UE). Celle-ci a pour objectif, indique-t-il, de réduire l'émission des gaz à effet de serre de 20 %, à l'horizon 2020, et d'augmenter l'utilisation des énergies nouvelles de 20% à la même échéance, a-t-il précisé. M. Abba a constaté, par ailleurs, l «'hétérogénéité» des positions des pays émergents et les autres pays du Sud, relevant, à cet égard, le cas de pays pollueurs comme la Chine qui utilise le charbon, et des pays considérés dans le Protocole de Kyoto comme des pays non-pollueurs, tels que les pays africains et les pays de l'Amérique du Sud. Dans le cas des pays africains, il a rappelé que la plate-forme dégagée lors de la réunion d'Alger de novembre 2008 insiste sur le fait que la responsabilité dans le réchauffement climatique n'incombe pas aux pays africains. C'est dans ce cadre que les pays africains privilégient une approche concrète en matière de lutte contre les émissions des gaz à effet de serre, dans laquelle l'effort financier et technologique revient aux pays industrialisés et pollueurs, a-t-il dit. Evoquant la situation des pays insulaires, considérés comme les pays les plus touchés par les effets du réchauffement climatique, M. Abba a souligné que cette catégorie de pays va revendiquer un seuil d'émission de gaz à effet de serre induisant un réchauffement de 1,5 %, contre un taux de 2 % avancé lors de la dernière décision du G8. 50 % DE PRODUCTION AGRICOLE SERONT PERDUS ENTRE 2020 ET 2050 EN AFRIQUE Le Pr Bouzid Lazehari, membre du Conseil de la nation, qui a abordé, pour sa part, le thème du «changement climatique et des droits de l'homme», a mis l'accent sur le rapport du Conseil des droits de l'homme des Nations unies de 2007, dans sa partie traitant des incidences du réchauffement climatique sur les droits humains. Il a cité aussi, dans ce cadre, l'étude globale élaborée en mars 2008 par le Conseil des droits de l'homme, faisant état du danger «direct» du réchauffement climatique sur les droits de l'homme. Selon ces deux documents, 250 millions de personnes ont subi les conséquences de ce phénomène entre 2000 et 2004, dont 98 % dans les pays du tiers monde. Le Pr Lazehari a indiqué, également, que si le réchauffement climatique continue au même rythme sans que des décisions ne soient prises, les pays africains perdront 50 % de leur production agricole entre 2020 et 2050. Il y aura comme répercussions majeures, dira-t-il, l'atteinte à la paix et à la stabilité mondiale, puisque l'étude prévoit que plus de 46 pays devront connaître des conflits armés, essentiellement en Afrique, en Asie et en Amérique du sud. A cela s'ajoute, poursuit le conférencier, la disparition de plus de 12 Etats. Les pays situés à l'ouest de l'Amérique du Sud et en Asie perdront, selon les prévisions de l'étude du Conseil des droits de l'homme de l'Onu, une grande partie de leur production agricole à cause des énormes précipitations de pluies qu'ils connaîtront, a-t-il ajouté. UN NOUVEAU MODE DE GESTION DES CATASTROPHES DOIT ÊTRE IMAGINÉ Tout en affirmant que les femmes et les enfants seront les plus touchés par les effets du réchauffement climatique, il a relevé que «plus de 150 millions de personnes vivront dans un état de dénouement total». Le professeur Mohammed Mebarki indiquera pour ce qui est du cas de l'Algérie qu'il serait bon d'opter pour le développement des énergies nouvelles pour assurer la sécurité énergétique à notre pays, parce que les ressources en hydrocarbures sont en voie d'épuisement. La gestion de l'eau, la désertification des terres, la protection des biens et des personnes sont des préoccupations permanentes des pouvoirs publics, compte tenu des phénomènes extrêmes, du type inondations et canicules de chaleur qui commencent déjà à accompagner ces changements climatiques. C'est tout un nouveau mode de gestion des catastrophes qui doit être imaginé, conclut-il en faisant remarquer à titre d'exemple que les prévisions des spécialistes pour l'Afrique sont catastrophiques, car la diminution de la production d'eau peut aller jusqu'à 50% pour ce continent. Il faut noter qu'actuellement, deux instruments de lutte contre le réchauffement climatique ont été adoptés, à savoir la Convention de Rio de 1992 et le Protocole de Kyoto de 1997, entré en vigueur en 2005.