C'était hier la date limite fixée par le sommet de Copenhague sur le climat pour que les Etats transmettent à l'Organisation des nations unies leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sur une base libre et non contraignante. Washington a annoncé que son objectif de réduction de 17% en 2020 par rapport à 2005 est maintenu et que le Congrès devrait voter une loi pour l'atteindre. Pour rappel, le sommet de Copenhague, qui s'est tenu à la fin de l'année dernière, s'est terminé en queue de poisson. Seul un accord à minima a pu être obtenu dans les ultimes heures de la rencontre, exempte de toute disposition contraignante et ne prévoyant aucun organisme de contrôle. La rencontre a été qualifiée d'échec par de nombreux participants et observateurs, même si les plus optimistes ont estimé qu'il s'agit d'une bonne base en attendant le sommet de Cancun au Mexique, qui se tiendra à la fin de cette année. Il semble néanmoins que le rendez-vous de Cancun soit à son tour voué à l'échec si l'on se réfère aux dernières déclarations d'acteurs proches du dossier, en marge du Forum économique mondial de Davos. L'absence d'accord n'est pas à exclure lors de la conférence qui sera organisée au Mexique en décembre prochain sous l'égide de l'ONU, ont pronostiqué de nombreux responsables politiques. Les négociations sur le climat devront peut-être se prolonger jusqu'en 2011 après l'échec du sommet de Copenhague le mois dernier, a reconnu notamment Yvo de Boer, responsable du climat aux Nations unies. “L'une des leçons de Copenhague, c'est de ne pas se précipiter, de prendre le temps pour avoir les engagements de tous les pays et être sûr que les gens ont confiance en ce qui se décide”, a-t-il déclaré, entre autres, à Reuter. Néanmoins il précise qu'en plus des sommets prévus en juin à Bonn et en décembre à Cancun, d'autres rencontres pourraient avoir lieu pour tenter d'arracher un accord en 2010. Le ministre danois du Climat, Lykke Friis, qui conserve la présidence du processus onusien jusqu'au sommet de Cancun, a reconnu de son côté qu'il sera difficile de réussir dès 2010, estimant que “personne n'a le plan parfait pour Cancun” et que celui-ci reste à définir. Pour le président mexicain Felipe Calderon, l'absence de confiance et de visibilité économique réduit considérablement les espoirs d'un accord à Cancun et il préconise de tirer les leçons des erreurs passées et de “retrouver la confiance entre les parties”. Le négociateur indien sur le climat, Shyam Saran, s'est montré encore plus pessimiste en estimant que le monde n'arriverait “probablement pas” à un accord cette année, à moins de renouer avec une croissance économique globale. Par ailleurs, le ministre danois du Climat a évoqué le fonds de 30 milliards de dollars destiné à aider les pays les moins avancés à faire face aux changements climatiques pour les trois prochaines années et dont le principe a été arrêté à Copenhague. On apprend ainsi que le Danemark ne sait toujours pas combien de pays industrialisés participeront au financement de ce fonds. De même, on ne sait pas si l'ensemble des pays ont transmis à l'ONU leurs objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, conformément à l'accord minimaliste de Copenhague. C'est dire si le chemin risque d'être encore long avant que les pays industrialisés, donc les plus pollueurs, prennent leurs responsabilités et consentent les efforts indispensables pour atteindre l'objectif modeste de limiter la hausse de la température à 2°C d'ici l'année 2050. Ce qui est sûr, c'est que la conférence de Cancun risque d'être un remake de Copenhague. Sans doute en moins médiatique et en plus modeste. Et sans plus de succès.