Des partis politiques, des représentants d'associations et même des juristes s'accordent tous à dire que l'esprit sportif, aussi intense soit-il, ne doit en aucun cas affecter les liens historiques des deux pays. La première force politique du pays, par la voix de M. Said Bouhadja chargé de communication du parti souhaite la victoire de l'équipe nationale, tout en appelant les deux peuples « frères » à faire preuve de calme durant cette rencontre. Espérant que les Verts fassent preuve de beaucoup de professionnalisme le jour « j », Bouhadja estime qu'il faudrait agir avec sagesse dans ce genre de rencontre et répondre aux « provocations et à la violence» par le bon sens et la sérénité. A l'adresse des joueurs algériens et les amoureux du ballon rond, le représentant du vieux parti, déclare : « défendez les couleurs nationales en ayant un esprit de réussite. Le peuple algérien encourage à l'unisson l'équipe nationale, mais celle-ci doit paraître dans sa plus honorable image lors de ce match historique ». Et d'enchaîner : « nous enregistrons des dépassements malheureusement çà et là en raison d'un excès d'intérêt à cette rencontre. A cet effet, nous demandons aux deux peuples de ne pas se fier aux campagnes de provocations », déclare-t-il. Moussa Touati, secrétaire général du FNA, quant à lui, estime qu'il s'agit « bel est bien d'une rencontre footballistique déterminante pour l'Algérie ». De son avis, les Algériens souhaitent que le football algérien soit le « meilleur » à l'échelle internationale. Ce qui explique, dira-t-il, cette grande mobilisation autour du match. Vouloir se qualifier au mondial de 2010 constitue, selon M. Touati, une « ambition légitime » qui n'a rien à voir avec la prétention. « Nous souhaitons que l'Algérie gagne, loin de toute autre considération. On croit savoir que des supporters égyptiens sont allés jusqu'à brûler l'emblème national. Cela est inacceptable, du moment qu'il ne s'agit pas d'une guerre. Le mieux c'est de se limiter aux règles du jeu et de dépasser tout désaccord et violence», lance-t-il, avant de conclure : « l'histoire a enregistré la défaite des Pharaons contre les Amazighs. Ce scénario se reproduira sans nul doute». Le Parti des travailleurs, pour sa part, estime par la voix de M. Taazibt, vice-président de l'Assemblée nationale, que ce match est réellement « important » pour différentes raisons. A son avis, par le passé, les victoires de l'équipe nationale ont permis à la population d'exprimer sa joie. Ce qui constituait, dira notre interlocuteur, une sorte de messages « d'espoir » à l'Etat dirigeant, notamment à la suite d'une grande privation. Aujourd'hui, les mêmes ambiances explosent à l'occasion de ce mondial. « Nous ne sommes pas des chauvins. Mais nous souhaitons la victoire de notre équipe nationale », soutient-il en rendant un vibrant hommage à l'émigration algérienne qui mérite une reconnaissance particulière pour avoir été aux côtés des Verts dans toutes les rudes épreuves ayant trait à cette compétition sportive. Du côté du MSP, M. Mohamed Djoumaâ, chargé de communication du parti, se dit « optimiste quant à la réussite des Verts ». Il indiquera que «les Algériens souhaitent que l'équipe nationale gagne». Preuve en est, les drapeaux algériens qui se vendent comme des petits pains et qui sont hissés sur tous les toits. Cependant, se désole-t-il, les choses ont pris d'autres « dimensions ». Ce qui nécessite de « dépassionner » cette prochaine rencontre en faisant preuve de beaucoup de professionnalisme. « On veut gagner, mais pas à tout prix » dira Djoumaâ qui estime que, sans l'ombre d'un doute, nos joueurs s'investiront pleinement pour garantir la réussite aux couleurs nationales. M. Nacer Boudache, président du groupe parlementaire du RND au Conseil de la nation déclare, pour sa part, que la victoire de l'Algérie est le vœu de tout Algérien. Cela dit, dira-t-il, l'esprit sportif doit prévaloir. Boudache est cependant convaincu que l'équipe nationale est d'un très haut niveau qui lui permettra de renverser la balance en sa faveur. Sans crainte, déclare-t-il, « le gagnant quel qu'il soit représentera tous les Arabes ». Autre son de cloche, celui des juristes. Maître Farouk Ksentini, président de la commission nationale consultative de promotion et de protection des droits de l'homme, en sa qualité d'ancien footballeur, dira qu'il souhaite la victoire de l'équipe algérienne, mais sans cacher son appréhension de voir des incidents déplorables se produire le jour « j ». « Effectivement les Egyptiens semble-t-il sont chauffés à blanc. Alors on craint réellement des débordements risquant notamment de nuire aux supporters qui se sont déplacés en Egypte. Il faut que les choses restent dans la sportivité », déclare-t-il, en estimant, par ailleurs, que l'équipe nationale a toutes les chances de se qualifier à la coupe du monde 2010. Maître. Azzi Merouane, président de la cellule d'assistance judiciaire chargée de la mise en œuvre de la réconciliation nationale, est catégorique. L'équipe nationale « va gagner ». Notre interlocuteur profite de l'occasion pour saluer la presse nationale qui a fait preuve, selon lui, de beaucoup de professionnalisme. Les médias algériens ont, selon lui, mené une vrai « bataille » médiatique contre de grandes chaînes égyptiennes. Azzi indique dans ce sens qu'il n'éprouve aucune peur en ce qui concerne le match lui-même autant que de la « pression » qui se fait d'ores déjà sentir en Egypte. Il dira : « les Egyptiens ont un complexe de supériorité. Ils se croient mieux que tous les Arabes. Ce qui nous oblige à leur donner une bonne leçon cette fois-ci ». Et d'ajouter : «notre président accorde un grand intérêt à notre équipe de football et la victoire sera au rendez-vous ». Mme Saïda Benhabilès, présidente d'une association de solidarité avec la famille rurale joint sa parole à M. Azzi en souhaitant « de tout cœur la victoire des Verts ». Selon elle, notre équipe mérite vraiment de gagner, mais il faut que cela reste « une rencontre purement sportive et non politique ». « Le sport est fait pour renforcer les relations entre les peuples et non le contraire. J'ai été révoltée d'avoir entendu que l'emblème national a été souillé. Mais bon…l'histoire est là pour en témoigner…».