Décidément, le poète Abderrahmane Amalou est intarissable. Pour ses recueils de poésie, il passe à un autre support que l'écrit. Puisqu'il vient de mettre au point l'édition d'un CD rom composé de sa dernière oeuvre poétique prise en charge par la maison Nounou Edition, très dynamique par ailleurs, pour avoir pris à cœur la production poétique des érudits des belles lettres, un créneau pas évident du tout d'être pris en charge dans et par le monde de l'édition. Et ce recueil de poésie en question intitulé ‘'Les mots, les maux'' s'entend désormais, après lecture, avec des sonorités qui transportent littéralement l'auditeur. D'autant que Amalou sait y faire ! Lui le musicien, le compositeur et le poète qui a déjà composé et a interprété 4 chansonnettes éditées chez Dihia Editions, et dont l'auteur des textes n'est que Sid Ali Nait Kaci, artiste, parolier et animateur de la radio chaîne II d'expression kabyle. Amalou était encore étudiant en ce temps là mais la fibre artistique l'habite déjà tout jeune. Car il a de qui tenir, lui le natif de Kouba en 1954 et originaire de Ighil Iaazouzen, village d'Azzeffoun, le berceau des artistes, les plus renommés, notamment dans la musique, le chaabi en prime. Nous sommes dans les années 70/80. Sa passion n'en est pas délaissée pour autant. Puisque pour d'autres artistes aussi, Amalou a composé sans le savoir, car des chanteurs connus à l'image de Sadek El Moghrabi, Ketfi Sofiane, Sid Ali Nait Kaci lui-même, et d'autres nombreux interprètes encore, ont chanté des poèmes inédits de sa composition traduit en berbère et en arabe. Ce qui va l'encourager et va influer sur sa production et son plaisir s'en trouve agrandi par cet intérêt accordé à ses œuvres. Pris dans ce penchant artistique, il est sollicité pour contribuer à la bande musicale du film « Génèse de Hamma Benyabi ». Il continue sur cette trace de l'ouvrage bien accompli, et se forme aussi à la chose artistique en fréquentant les ateliers de ses amis artistes peintres, ceux de H'sissen Saadi et Said Djaballah. Le recueil lui-même « Les mots, les maux » conte le sentiment, la rancœur, le ressentiment, le rêve… pour rendre heureux et ne pas céder à la colère, pour prendre le temps de savourer les délices de la vie, même si, en parallèle, cela ne prête pas toujours à l'optimisme, une sorte de tromperie pour ne pas avoir à souffrir… Toute une philosophie de la vie que développe Amalou qui suggère de ‘'se jucher sur les nuages'' pour prendre de la hauteur. Ne pas se laisser aller à la difficulté mais dépasser les angoisses, les hypocrisies, ‘'les quatre faces''. Parce que l'homme reçoit des coups mais il ne doit pas prêter le flanc, et continuer sur son chemin, parce que dans un coin du ciel, il fait bon vivre, une saveur, un parfum… qui peuvent constituer un refuge. Histoire de prendre le large avec ces sens enivrant de l'air marin, dicte le poète dont on devine l'influence qu'exerce la mer sur lui, non comme une fuite mais comme un palliatif pour changer d'atmosphère et ne pas se laisser choir… De l'amour pour tout guérir, empêcher le mal de se mouvoir vers le partage. Car devant le tort, la raison ne saurait abdiquer. Amalou parle de couleurs bigarrées, de blancheur, de caresse, de soleil, de tendresse… qui invitent l'espoir pour s'opposer à ce qui peut nuire, faire mal, entretenir la malfaisance… Un seul remède pour le poète, croire en la vie, se fermer aux paroles de mauvais escient et poursuivre la quête du bien… parce que la vie et les hommes sont ainsi faits : aussi vieux qu'est le monde, les sentiments se mêlent, s'entremêlent, s'entrechoquent… mais envoyer tout paître, voilà qui peut-être salvateur et raisonnable pour une paix à vivre…