La capitale est fiévreuse en cette belle journée de mercredi. Mais point de douleur. Elle est au contraire joyeuse, heureuse et terriblement «jeune». Hier, tôt le matin, les supporteurs ont pris Alger centre comme quartier général, le point où tout le monde se rencontre, se concerte, se concentre pour bien préparer leur appui aux Verts. Leur stratégie est simple : occuper toutes les rues, tous les espaces, les couvrir du vert et entonner tous en chœurs «one, two, three, viva l'Algérie !». Pour cela, les troupes se dispersent et se mobilisent. Ils sont partout. Chaque mètre carré est saisi, décoré. Le vert l'emporte sur le gris du béton, prédomine. La brise, légère, printanière, respire la sueur des supporteurs, essuyée des fronts à force de défiler, de crier, de hurler, de chanter et de danser au milieu des foules. Au centre de la rue de la Lyre, les baffles ont pris place. Un homme et une femme, vêtus entièrement de vert, de rouge et de blanc, dansent sur la fameuse chanson «Harami» de cheb Mourad. «Hadi Souad machi Charihane ! », tiennent à préciser les supporteurs qui entourent le couple. Une ambiance folle, exceptionnelle se dégage de toute la capitale. Pour faire la fête, les Algériens sont imbattables ! Leur bonne humeur est si contagieuse que même les étrangers sont emportés par la «fièvre». Les Chinois notamment qui, à bord de leurs véhicules, défilent en chantant les Verts, avec un accent bien à eux ! Les plus timides, réservés, se retrouvent à la tête des manifestations, spontanément, sans qu'ils ne se rendent compte. Les supporteurs font la loi. Ils s'imposent en tout lieu, sous l'œil complice mais vigilant des policiers et agents de sécurité. Tout est chamboulé. Les bus sont détournés de leurs itinéraires. Leurs toits sont investis dangereusement par des jeunes supporteurs en quête de hauteur, de sites élevés pour mieux se faire remarquer, attirer, démontrer leur joie. Les passants sont ébahis. «Ces jeunes n'ont pas peur de tomber, de se tordre le cou ?», s'interrogent-ils. «Non ! Nous n'avons pas peur ! One, two, three, viva l'Algérie !», fredonnent-t-ils, encore et encore. Les chansons diffusées en plein air ne suffisent pas à ces supporteurs assoiffés de sensations fortes. Munis de leurs instruments, saxophones et tbals, ils sillonnent les rues à bord de véhicules. De véritables orchestres ambulants ! Infatigables ! Accompagnés des youyous interminables de supportrices, de plus en plus nombreuses. Les tout petits ont également leur part de divertissement. Incontrôlables en classes, les enseignants leur ont permis de sortir une demi-heure avant la fin des cours, laissant le champ libre à ces jeunes pour se défouler dans les grandes cours. Même les bébés sont de la partie ! Des petites filles et petits garçons, âgés entre 2 et 4 ans, exhibent fièrement leurs tenues aux couleurs de l'équipe nationale, balbutient délicieusement et de toutes leurs forces le «one, two, three, viva l'Algérie !»