L'Aïd est à nos portes. Et la joie de la qualification des Verts va s'ajouter à celle de la fête du sacrifice. Pour beaucoup d'entre les Algériens bien évidemment. Mais avons-nous pensé aux personnes seules et âgées qui se préparent à célébrer l'Aïd El Kébir ? Elles sont nombreuses à vivre cette journée isolées. Savons-nous seulement ce que ressentent des êtres à l'automne de leur vie, délaissés par les leurs ou bien n'ayant aucun soutien moral du fait de ne pas avoir eu la chance d'enfanter ? Fatma, une retraitée dont la pension n'excède pas les 7000DA, avec un moral à casser «toutes les baraques du monde» comme elle se plait à le répéter, dit : «notre pension est rentrée samedi à la poste. Je vais acheter une tête de mouton grillée et faire en sorte de continuer la tradition de cet évènement religieux comme du temps de mon mari». Zohra, «la quatre vingtaine» à peine entamée : «j'ai déjà acheté une tête et les pieds de mouton il y a deux semaines environ , quand les prix étaient abordables . Pré cuits ils sont au congélateur en attendant le jour béni de l'Aïd». Ouardia, également octogénaire, n'a rien prévu. Démunie, elle sait que les familles proches ayant un lien de sang avec elle ne l'oublieront pas pour la circonstance. D'autant que la solidarité est bien présente dans les villages et les campagnes. Mme R. a bien un fils marié avec des enfants. Elle, également passera l'Aïd seule. Une brouille remontant à des années fait qu'elle ne s'est pas rabibochée avec son garçon. «Et puis Cherchell c'est loin, je sais qu'il ne viendra pas et moi je suis fatiguée pour voyager en car». Savons-nous seulement regarder la solitude des autres particulièrement lorsque nous sommes heureux ?