« L'homme malade » du siècle de la démocratisation, vautré sur la nostalgie d'un brillant passé civilisationnel perdu, couve une crise de valeurs et d'un modèle rassembleur sacrifié sur l'autel du zaïmisme de la décadence historique, de l'égocentrisme sulfureux et des ambitions faussement hégémoniques à contre sens de la dynamique unitaire. Dans ce monde arabe, en panne d'alternative crédible, chloroformé au nirvana de la gloire en ruines et instruit des divisions internes instrumentalisées à des fins de sous-traitance régionale, le GMO impérial se prévaut de la thèse raciste de l'arriération civilisationnelle qui puise son fonds de commerce dans les préjugés immondes de la suprématie judéo-chrétienne et de la prétendue « mission civilisatrice » des néo-conquistadors. Sur les traces sanguinaires du «djihad afghan» des Etats-Unis, les bases fondatrices de l'ordre impérial s'inventent le nouveau « péril vert » pour partir à la reconquête de l'aire stratégique du Golfe gorgé de pétrole et de sang. Tous terroristes et barbares : la quintessence du GMO à l'américaine, malheureusement servie par la perversion du djihad vidé de toute substance, a bien profité aux émules du régime des casseurs, en mal de négation de l'identité algérienne, de la personnalité et des valeurs historiques de l'Algérie novembrienne. Un régime en fin de règne mobilisant une armada des médias aux ordres et une partie de ses élites « bien pensantes », sonnantes et trébuchantes surtout, pour perpétuer le mode rentier du leadership égyptien dans le monde arabe. La propagande guerrière des Moubarak, père et fils, a excellé dans le mimétisme des « Think tank » américains et de la technique des « embaded ». Bush, renié par l'Amérique du changement démocratique d'Obama et par l'opinion mondiale, et Hosni : une même vision pour un même combat ? La crise des valeurs fondamentales et ses manifestations liberticides, inscrites dans la logique de Guantanamo, dans le drame de Ghaza et de sa pâle copie du Caire à l'après-Khartoum, rendent vital le questionnement sur le devenir du Monde arabe suintant les schismes mutilateurs du démembrement organisé sous le faux label des «modérés» et des « radicaux » auquel se greffent, pour les besoins de la question iranienne, les antagonismes à caractère confessionnel opposant les chiites et les sunnites. Face aux apôtres du « choc de civilisation » et de la théorie collatérale du « chaos constructif », comment donc sortir du « trou noir » du monde arabe au déficit massivement démocratique (remember la feuille de route remise par Condoleeza Rice à l'Egypte et à l'Arabie Saoudite), en marge des mutations mondiales, enlisé dans les querelles de leadership infructueux et frappé du sceau de l'arriération culturelle, politique et économique ? Le mode opératoire d'Alger est d'actualité pour remettre sur les rails la Ligue arabe de tous les Arabes qui a tout vu de son siège cairote sans rien dire sur l'agression commise contre l'Algérie et le drame du déchirement égyptien de la fraternité inaltérable de l'Algérie blessée. La disqualification historique d'un instrument paralytique et désuet, au plus fort moment de Ghaza se contentant à son corps défendant du geste réparateur d'Erdogan, est le fait d'une prédominance du Caire sur une institution panarabique dirigée, depuis sa création en 1945, par des Egyptiens, à l'exception notable du passage remarqué du Tunisien Chadli Klibi. Conçue comme une véritable « annexe du ministère des Affaires étrangères égyptien » et en réservoir inépuisable de placement des cadres du pays d'accueil, la Ligue arabe souffre de la prédominance des forces de l'inertie sur la loi du changement démocratique (imposé ou librement consenti) pourtant vanté, au-dedans, par tous les pays membres. Vérités au-delà de la Ligue arabe de l'Egypte, erreurs en deçà ? Le sursaut qualitatif du GMO à l'algérienne, soulevant un tollé général et rangé au placard de l'histoire, refait surface et s'impose comme une alternative incontournable pour une refonte des mécanismes de fonctionnement de l'institution arabe et la modernisation de ses instruments de décision et d'application. En 2005, le sommet d'Alger (22/23 mars), tenaillé par l'exigence consensuelle de « l'initiative de Beyrouth » et le refus préalable de toute normalisation, s'est résolument inscrit dans le processus de réformes soucieux du respect des spécificités culturelles politiques du monde arabe et intégré dans son environnement partenarial afro-asiatique et latino-américain. Les propositions en 4 points portent sur « la direction tournante de la Ligue arabe » hantant les nuits blanches de l'actuel détenteur du poste de secrétaire général, les mécanismes de vote substituant à la norme consensuelle (sauf pour ce qui touche aux questions institutionnelles), le recours à la majorité simple, le comité de suivi et d'exécution des décisions et l'ouverture sur la société civile. Le chantier peut se prévaloir des acquis du parlement arabe basé à Damas et de l'institut arabe de traduction installé à Alger. Mais, il y a encore tant à faire, n'est-ce pas?