Les cours du pétrole commencent à se redresser autour de 72 dollars au moment où les responsables financiers américains annoncent «une reprise pour bientôt», ce qui signifie la fin d'une récession synonyme d'une baisse de la demande en pétrole. Le pétrole affichait hier 72,58 dollars, avec des pointes à 72,89 dollars, stimulée aussi par une demande locale en Chine, selon des analystes, «la plus forte hausse depuis un an», disent-ils. Toutefois, la question qui devra se poser aujourd'hui, largement évoquée par les membres de l'Opep dont l'Algérie, c'est de savoir si la situation des réserves et le gel des investissements des pays producteurs n'allaient pas compromettre la reprise économique. Le scénario était prévisible en raison de la baisse des prix constatée sur le marché international. Les pays de l'Opep juste au début de cette dégringolade avaient réagi en mettant en garde sur les risques d'un «autre choc pétrolier» lorsque l'économie mondiale montrera des signes de reprise. Un pétrole bas signifie un arrêt des investissements dans beaucoup de pays en raison d'une non rentabilité. Des pays comme l'Algérie ont cependant misé sur leurs capacités financières propres pour maintenir tous les projets d'investissement. La déclaration du responsable de l'Agence internationale de l'énergie (AIE) vaut, néanmoins, comme une sérieuse mise en garde pour tous les pays producteurs et consommateurs. Si la «crise énergétique» liée à la disponibilité du pétrole intervenait dans les cinq prochaines années, «elle pourrait compromettre la sortie de la crise économique», explique le représentant de l'AIE. En plus, la rareté aura indubitablement un effet haussier sur les prix, d'où le risque de tomber de nouveau dans ce que les spécialistes qualifient de cercle vicieux. «Un prix du pétrole élevé, porté par une augmentation rapide de la demande et une stagnation, voire un recul, de la production, risquent de faire dérailler la reprise», a ajouté cet expert. L'économiste en chef de l'organisation internationale remet sur la table le débat sur le pic de la production que l'industrie pétrolière est censée atteindre dans une dizaine d'années, soit une décennie plus tôt que prévu avec des «réserves qui fondent deux fois plus rapidement que prévu». Les craintes de l'AIE qui sont celles aussi des pays consommateurs peuvent ainsi conforter les analyses de l'Opep et sa bataille pour un prix du baril situé dans une fourchette de 70 à 90 dollars. Ce prix est jugé un minima d'autant plus qu'il y a aussi un renchérissement des équipements et services liés à l'industrie pétrolière qui alourdissent les coûts de production dans la plupart des pays.