Les prix du pétrole se sont installés depuis une semaine au-dessus de la barre des 100 dollars le baril. Ce seuil, qui avait été touché le 2 janvier dernier, avant que les prix ne reculent nettement de plus de 15 dollars, ne semble plus une vue de l'esprit. Si le recul des prix au niveau des 85 dollars était la conséquence de l'annonce d'une récession de l'économie américaine et ses effets sur les économies des autres régions du monde, telles que l'Europe, avec à la clé une baisse de la demande mondiale de pétrole, la reprise des prix vers le haut semble être une conséquence des mesures prises par la Réserve fédérale américaine qui tente d'assurer un atterrissage en douceur pour l'économie américaine. Les baisses successives du taux directeur par la Réserve fédérale ont donné lieu le plus normalement du monde au recul accentué de la monnaie américaine par rapport à l'euro. Une autre baisse du taux directeur lors de la prochaine réunion du conseil d'administration, le 18 mars, est pratiquement prévue, selon les experts, pour soutenir l'économie américaine et desserrer l'étau dans lequel se trouve le crédit. Une autre baisse pourrait intervenir d'ici l'été aussi, selon des experts. Cette évolution du taux favorise le recul de la monnaie américaine par rapport à l'euro et développe le statut de valeur refuge au pétrole, au même titre que l'or. Ce dernier, dans le sillage du recul de la monnaie américaine, a battu de nouveaux records et il s'achemine vers les 1000 dollars. La chute du dollar par rapport à l'euro, qui a atteint un nouveau record vendredi avec un 1,52 dollar pour un euro, a encore favorisé les achats de pétrole. Alors que tout le monde attendait un recul net des prix du pétrole à l'approche de la fin de l'hiver et avec l'annonce d'une récession probable de l'économie américaine, la baisse du dollar agit comme un dopant sur les prix du brut. Aussi bien à New York, où il a dépassé les 103 dollars, qu'à Londres, où il était au-dessus des 101 dollars, le prix du pétrole s'est connecté directement à la valeur du dollar. Pour les pays exportateurs, dont les achats sont en euro, cette augmentation des prix ne valorise pas davantage leurs recettes. C'est ce qui explique la dernière déclaration du ministre libyen révélant que l'Opep ne changera pas son plafond de production si le baril est à 100 dollars et prédisant leur stabilité autour de ce seuil. La hausse du prix du baril de pétrole au-dessus des 100 dollars relève plus de l'effet d'optique par rapport à la valeur réelle de la monnaie comparée par exemple à celle de l'euro. En réalité, plus le dollar baisse par rapport à l'euro, plus le prix du pétrole grimpe et moins la valeur des recettes des exportations augmente.