Comme si leur mal ne leur suffisait pas, les cancéreux font face à une timide prise en charge au niveau des hôpitaux. C'est un perpétuel combat auquel se livrent des centaines de patients se présentant quotidiennement au centre anticancéreux (CAC) du CHU de Franz Fanon (Blida). Ces malades venus des quatre coins du pays sont constamment confrontés à des contraintes interminables. Manque d'hygiène, de médicaments ou encore de places disponibles. Exemple : Les sanitaires sont dans un état déplorable, et même les toiles d'araignées ont trouvé un foyer confortable dans le service. « On est obligés de ramener nos produits de nettoyage comme l'eau de javel », témoigne une patiente venue de Djelfa pour subir une chimiothérapie. Yamna, venue avec son mari, atteint d'une leucémie, partage le même point de vue. « J'ai demandé à des personnes venues rendre visite à leurs proches de m'acheter des détergents pour nettoyer la place que nous occupons mon mari et moi'', affirme Yamna qui fait office de garde-malade. Le manque d'hygiène s'explique par le changement de la fonction du personnel d'entretien. Ce dernier a, en effet, pris les rôles des infirmiers pour donner des instructions parfois déplacées aux malades. ‘'Une fois la femme de ménage m'a renvoyé en disant que le chef de service n'a pas que moi comme patiente'' se plaint Houria, ajoutant que même les responsables ne remettent pas ces gens à leurs places. Une autre patiente expose le manque de considération pour les malades. ‘'Pour nous restaurer on est obligés de transporter nos potences jusqu'au bout du couloir où la nourriture est disposée''. Outre le manque d'hygiène, les patients se plaignent de l'absence de prise en charge. Conséquence : les malades en provenance de wilayas de l'intérieur sont à chaque fois renvoyés pour manque de places disponibles. « Nous sommes obligés de revenir chaque quinze jours, ce n'est pas évident parce que j'habite la wilaya de Tiaret et le voyage me coûte cher'', déclare Fatma attristée. Alors que des gardes malades venus s'occuper de leurs proches à défaut de personnel sont obligés de passer leurs nuits sur des chaises ou à même le sol. ‘'Au niveau de la réception, en voyant les bagages entassés des patients qui seront admis on se croirait dans une gare routière'', ajoute Fatma. De leur côté, les médecins et infirmiers du centre anti-cancéreux assurent qu'ils sont dépassés par le nombre de patients à admettre. Ils se plaignent du manque de personnel, estimant nécessaire la création d'autres centres anticancéreux sur le territoire national. Face à cette situation, des citoyens possédant des appartements aux alentours de l'hôpital ont pris une initiative d'héberger, gratuitement les patients et les gardes malades, qui n'ont pas pu être admis au service. ‘'Nous sommes musulmans, il est de notre devoir d'assister les personnes en difficulté. En plus de leur souffrance, ces malades sont confrontés à différents empêchements. C'est pour cette raison que nous avons pris l'initiative d'aménager nos appartements inoccupés pour accueillir les patients et leurs accompagnateurs en attendant leur admission à l'hôpital'', estime un bienfaiteur.