Aminatou Haidar, la voix des Sahraouis, sort de l'ombre le plus vieux conflit colonial d'Afrique. L'Espagne, l'ancienne puissance coloniale, qui a levé le pied en 1975 pour permettre au Maroc d'occuper le Sahara Occidental, se voit rattrapée par sa « lâcheté ». L'Union européenne qui était disposée à renforcer ses « fragiles » liens avec le Maroc, « prend note » de la grève de la faim qu'observe Aminatou depuis le 14 novembre à l'aéroport de Lanzarote (Espagne) pour pouvoir rentrer à Laâyoune où résident ses deux enfants âgés de 15 et 13 ans. La situation des droits de l'homme au Sahara occidental préoccupe Bruxelles. Les « 27 » qui selon toute vraisemblance refusent de laisser cette femme, symbole de la résistance, mourir sur un territoire européen, rappellent au Maroc ses obligations de «bon voisin» : respect de «la liberté d'association et de rassemblement» et protection des défenseurs des droits de l'homme dans le territoire du Sahara Occidental. Comme la traduction des sept Sahraouis arrêtés à Casablanca le 8 octobre dernier devant un tribunal militaire. Dans ce bras de fer qui oppose David à Goliath, même les Nations unies, traditionnellement frileuses, haussent le ton. Si le secrétaire général, Ban Ki-moon, se dit «préoccupé» du sort de la militante sahraouie, appelle l'Espagne et le Maroc pour qu'ils envisagent toute mesure devant «faciliter une résolution de ce problème et mettre fin à l'impasse actuelle, Navi Pillay, la haut commissaire pour les droits de l'homme, plaide comme le Haut commissaire des Nations unies pour les réfugiés, M. Antonio Guterres, pour le « droit au retour dans son pays» de la Sahraouie. «J'en appelle au droit d'Aminatou de retourner dans son pays. Je suis cette affaire (...). Je suis particulièrement préoccupée pour la santé » d'Aminatou Haidar dit-elle espérant «une solution rapide». Autrement dit avant la mort de la Gandhi sahraouie. Refusant tout type de soin médical que lui propose l'embarrassé gouvernement socialiste espagnol par la tournure des événements, Aminatou « ira jusqu'à la mort s'il le faut», déclare au journal ABC son compagnon, Bachir Lekhfawni. « Son retour est certain. Ce que nous ignorons, c'est si elle l'effectuera dans un cercueil. Vu comment se présentent les choses, je vois une fin malheureuse», dit-il dénonçant comme sa compagne les pressions «terroristes» exercées sur Aminatou par l'Espagne pour l'amener à cesser son action. Mis à nu par la frêle Aminatou Haider, le Maroc use comme de faux fuyants. Après avoir essayé mais en vain, de présenter cette grève comme une étape d'un agenda élaboré par le Polisario pour bloquer la reprise des négociations sous les auspices des Nations unies, il passe au chantage. Tayeb Fassi Fihri, son ministre des Affaires étrangères, menace l'Espagne d'entamer des représailles dans la coopération sur immigration, terrorisme et trafic de stupéfiants. «Le moment de tracer nos relations est peut-être arrivé», dit-il accusant l'Espagne d'être derrière un « complot anti-marocain » avec ….l'Algérie.