La taxe sur le carbone proposée par les pays européens aux pays producteurs de pétrole a généré de véritables discordes à la veille du sommet des chefs d'Etat sur le changement climatique à Copenhague. En effet, les pays producteurs de pétrole, à l'instar de l'Algérie, rejettent toute idée de payer une taxe sur le principal produit de leurs revenus. Dans son intervention, hier, sur les ondes de la radio nationale, M. Chakib Khelil, ministre de l' Energie et des Mines, a estimé que cette taxe est discriminatoire et va à l'encontre des pays producteurs de pétrole, puisqu'elle engendrera forcément une réduction de la demande pétrolière, vu les coûts élevés. Par conséquent, les revenus seront plus faibles pour ces pays. Pour expliquer sa position, M. Khelil a déclaré que «selon des estimations, certains experts ont affirmé que cette taxe pourrait atteindre 3.000 milliards de dollars à l'horizon 2050 comme diminution des revenus des pays producteurs de pétrole». En effet, selon le ministre, les pays producteurs seront pénalisés parce qu'ils devront importer les énergies renouvelables avec les matériels d'équipement et d'aménagement de ces projets. Pour ce qui est des prix, il a estimé que cette taxe pourrait avoir un effet sur les prix des hydrocarbures (gaz et pétrole), «ils seront beaucoup plus chers. Ce qui incitera le consommateur à aller vers d'autres sources d'énergies, comme le nucléaire le solaire, le charbon», a-t-il affirmé. D'autre part, selon M. Khelil, «par cette taxe, les pays industrialisés visent à relancer leur économie», ajoutant qu'ils la convertissent en économie verte basée sur l'exportation des équipements, du savoir-faire et de l'engineering destinés à la production des énergies alternatives. Il a, par ailleurs, mis l'accent sur les pressions exercées par ces pays industrialisés, notamment la Banque mondiale et certaines organisations européennes qui cherchent «vraiment à ce que nous harmonisions nos lois et notre règlementation pour faire en sorte que ces produits puissent pénétrer dans notre marché local», a-t-il ajouté. Pour préciser ce point, il a déclaré qu'il y a une manœuvre pour convaincre des pays tels que l'Algérie, le Maroc et la Tunisie à développer rapidement des infrastructures pour la production d'électricité solaire destinée au marché européen», a-t-il expliqué. Mais ces infrastructures ne vont pas pour autant développer l'industrie locale puisqu'elle sera basée dans les pays européens, a poursuivi M. Khelil, qui a souligné que les parties qui vont supporter le financement de ce genre de projets dont les détails n'ont pas encore été déterminés, citant le projet Desertec d'un montant estimé à 400 milliards. Par ailleurs, M. Khelil a estimé qu'étant un produit polluant, le charbon doit également subir une taxe. En outre, il a déclaré que la question de la «séquestration» du CO2 n'est même pas évoquée par les pays industrialisés «parce qu'elle n'est pas une technologie qui va dans le sens de leurs propres intérêts économiques», a-t-il estimé. «Nous avons prouvé son efficacité en Algérie, puisque nous extrayons le gaz carbonique du gaz naturel et nous l'enfouissons sous les terres dans les gisements», a-t-il ajouté. M. Khelil a affirmé que si cette taxe venait à être imposée, elle ne serait appliquée que dans les pays développés car ces derniers ne peuvent pas imposer une mesure fiscale unilatérale sur «des pays souverains». Le ministre a également posé le problème de l'exportation de l'énergie solaire, une fois ces projets mis en œuvre, rappelant en cela les difficultés rencontrées par Sonatrach dans la commercialisation de son gaz en Europe.