Le peuple est-il réellement souverain comme stipulé dans la loi ? Les élus sont-ils vraiment capables d'exercer leurs prérogatives ? Y a-t-il une réelle représentativité politique en Algérie ? Ce sont là les problématiques, entre autres, qui ont été exposées lors du séminaire sur «la relation entre l'électeur et l'élu dans le système juridique algérien», par la voix notamment de Mahmoud Khoudri, ministre chargé des Relations avec le Parlement, qui a inauguré cette rencontre. Dans son allocution, le ministre fait savoir que la relation entre l'électeur et l'élu n'est pas seulement juridique mais fondamentalement politique et morale basée sur une profonde confiance. Toutefois, cette relation de confiance est rompue actuellement sur le terrain, constate-t-il. Ce qui a entraîné, estime-t-il, l'abstention populaire lors de certaines échéances électorales locales et législatives ainsi que le recours parfois des électeurs aux manifestations non pacifistes pour exprimer leurs préoccupations au lieu de les soumettre à leurs élus. Le professeur à l'université de droit à Oran, Yeles Chaouch Bachir, va plus loin dans son intervention en affirmant que la souveraineté du peuple est «une fiction, voire une tromperie politique». «Le peuple est souverain d'un jour. Celui des élections. Le peuple décide qui élire et par ce fait, il transfert à l'élu son pouvoir de souveraineté. Une fois les élections achevées, le peuple perd son pouvoir de souveraineté, devient gouverné après avoir été, pendant une journée, gouvernant», explique-t-il. «Une fois élu, l'élu décide tout seul les décisions à prendre. Le peuple ne peut ni intervenir ni contester. Il n'a plus son mot à dire et ne peut plus faire marche arrière. C'est cela la démocratie représentative», ajoute-t-il. Ce même pouvoir de souveraineté est transféré ensuite, poursuit le conférencier, vers d'autres parties. «Les élus ne peuvent pas gérer seuls les prérogatives pour lesquelles ils ont été élus. «Les systèmes politiques, économiques ou sociaux ne sont pas l'œuvre totale des élus. Il y a des interventions extérieures dans l'élaboration de ces systèmes», affirme-t-il. LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE, UNE ISSUE Les lois ont besoin, explique-t-il, de spécialistes. Or, les élus ne le sont pas. «Les élus sont obligés de solliciter des techniciens et spécialistes dans l'élaboration des lois. Ces derniers font des propositions en assurant qu'il y en pas d'autres. D'autres parties interviennent également, comme la tripartie qui a pris la décision du seuil du relèvement du SNMG par exemple. Il y a un transfert continu de pouvoir qui va de part et d'autre», dit-il. L'intervention est également d'ordre international. «Les pays développés imposent aux autres des lois qui entrent dans le cadre notamment de l'OMC ou de l'UE. Ces pays sont obligés de s'y soumettre même s'ils ne sont pas d'accord. Sans oublier les règles établies par les commerçants sans l'aval de l'Etat mais qui sont appliquées sur le terrain, conclut-il en proposant comme solution la démocratie participative au lieu de la démocratie représentative. «Le peuple doit s'impliquer même après les élections. Il doit y avoir un contrôle suivi et permanent des gouvernés sur les gouvernants», assure-t-il. C'est dans ce sens que l'intervention de Mouna Hamitouche, élue dans l'assemblée d'Islington (Grande- Bretagne), en présentant l'exemple anglais dans la relation entre l'électeur et l'élu. «Nous sommes proches de nos électeurs pour nous enquérir de leurs besoins et leurs préoccupations. Nous nous réunissons trois fois par semaine avec nos électeurs et nous sommes à leur écoute. C'est ce qui manque en Algérie. Certes, l'Alliance présidentielle est une très bonne initiative pour régler les problèmes des citoyens mais les partis politiques doivent être plus présents. Ils doivent mener des campagnes de sensibilisation pour se rapprocher des citoyens pour mieux les servir et gagner leur soutien», suggère-t-elle.