A quelques enjambées de la tournée infructueuse de l'émissaire américain, Georges Mitchell, le réquisitoire luxembourgeois a rétabli dans ses justes proportions la vérité historique de la colonisation sioniste, gravement occultée autant par le fait du chantage à la Shoah constamment brandi par les dignes héritiers de leur bourreau d'hier que par le parrainage criminel de l'Amérique victime du diktat incontrôlé du puissant lobby juif. En perdant son âme dans cette tendance immuable à la partialité, l'euro-atlantisme vit assurément sa plus profonde crise de valeur et de conscience qui autorise le statut d'impunité totale au colonisateur en chargeant la victime de tous les maux possibles et imaginables. Sur le fronton de la Palestine occupée, vouée au destin tragique de la bantoustanisation historiquement dépassée, le nouvel ordre mondial, bardé de référents humanitaires et démocratiques, s'est enlisé dans le vaste désordre moyen oriental, perclus de tendances génocidaires et de volonté hégémonique. De Kafr Kassem à Ghaza, la cécité politique de l'Occident couvre l'étendue du processus de blanchiment des massacres à répétition de l'allié stratégique exonéré de toutes les charges et, encore moins, de toutes poursuites fussent elles symboliques. Dans cet océan de complicité moralement injustifiable, la sortie courageuse du chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, est un grand moment de justice et de crédibilité. « La Cisjordanie n'appartient pas à Israël », a-t-il déclaré d'in ton sentencieux. Par delà les fondements légaux de cette assertion, l'alerte vaut pour ses incidences sur la position outrancière de Netanyahu, jugée «politiquement inacceptable» et validant le fait colonial accompli. Face au silence éloquent de la dite communauté internationale, le réquisitoire du chef de la diplomatie luxembourgeoise a réfuté la vanité des «nouvelles réalités» et signalé le péril du «nouveau conflit» loin d'être dans l'intérêt de «la région, des Arabes, des Palestiniens et des Israéliens». Car, s'interroge-t-il à juste titre, «comment légitimer qu'on puisse construire sur un terrain des maisons, des villes et des villages sur un terrain dont on n'est pas propriétaire ». La bombe des colonies illégales, réamorcées de plus belle par Netanyahu piégé par ses accointances avec les radicaux religieux et politiques, mine les efforts de relance du processus de négociation laborieusement remis sur selle par l'Administration Obama. Si effectivement, la priorité du dossier palestinien s'est imposée dans la nouvelle vision américaine, imbue de volonté de dialogue et de retour à une démarche plus équilibrée, le recul et la valse hésitation de Washington ont davantage conforté les ultras israéliens opérant un tour de vis sur la question du gel des colonies et autorisant l'annexion pure et simple de celles de Goush Ezzion, établi illégalement au sud de Jérusalem à Bethléem. De quelle volonté de paix s'agit-il dés lors que les droits nationaux palestiniens sont quotidiennement et systématiquement violés ? La caution du fait colonial n'a d'égal que l'impuissance caractérisée de l'Amérique, pieds et poings enchaînés à la machine à tuer, et la domestication du quarteron plutôt en clin à écraser de la vindicte la victime palestinienne sommée de choisir entre plier ou se faire «couper les vivres ». Bien plus, dans la tradition ancrée de la victimisation productive à des fins manipulatoires, Israël crie à l'anti-sémitisme qui censure les opinions et les voix contraires à l'infamie sioniste. Comme cela est désormais le cas pour le rapport Goldstone frappée d'hérésie et, l'été d'avant, la publication en Suède d'un article accusant l'armée israélienne du trafic d'organes de morts palestiniens. L'arme absolue de la Shoah peut elle indéfiniment surseoire aux obligations internationales d'un Etat hors normes et légitimer les crimes coloniaux sionistes irréfutables ?